Une chose est sûre, qu’on les appelle espadrilles, tennis ou baskets, les souliers de sport occupent aujourd’hui une place prépondérante dans le marché de la chaussure, à tel point que le musée Bata en fait présentement l’objet d’une exposition Out of the Box, The Rise of Sneaker Culture, rétrospective en place jusqu’au 30 mars 2014.
Grâce aux prêts de plusieurs marques célèbres et de collectionneurs, les visiteurs peuvent effectuer un survol des 150 ans d’histoire de la chaussure de sport et de se rendre compte de sa fulgurante ascension jusqu’à son statut actuel de véritable icône.
Ses origines remontent au milieu du XIXe siècle, période correspondant à la naissance du sport et à l’arrivée de nouvelles technologies. Les basketteurs américains seront parmi les premiers à porter des chaussures en toile de l’armée avec des semelles en caoutchouc. Par la suite, au cours des années 1970 et 1980, des artistes de musique rap et hip hop, comme le groupe RUN – D.M.C., vont transformer ces chaussures, jusqu’alors portées par les sportifs, en véritables articles identitaires.
Durant la même époque, les athlètes allaient eux aussi apporter leur contribution pour faire entrer ces chaussures dans la culture populaire au moyen d’une vaste campagne de marketing. Michael Jordan, vedette du basket mondial durant les années 1980 et 1990 et spécialiste des paniers marqués en suspension (slam dunks), lança la mode des Air Jordan, propulsant ainsi la marque Nike au summum du marché.
Les fameuses chaussures rouge et noire vont alors faire l’objet d’un véritable culte et susciter la folie auprès des collectionneurs et des jeunes. Il en coûtera par ailleurs 5000 $ d’amende par match à Michael Jordan car la Ligue nationale de basketball exigeait alors que les chaussures soient au moins en partie blanche. Par la suite, toutes les grandes marques vont s’attacher les services de musiciens ou d’athlètes de grand renom.
Certains consommateurs vont devenir trop « accrocs » à cette mode, allant jusqu’à faire l’acquisition d’un nombre suffisant de chaussures pour être en mesure d’en porter une nouvelle paire tous les jours pendant cinq ans! La sortie d’une nouvelle paire de chaussures causa même une émeute devant un magasin de New York.
Parmi les chaussures présentées au public, certaines sortent de l’ordinaire. On peut ainsi admirer l’élégance et les lignes fines du modèle de chaussures à pointes portées par l’athlète américain Jessie Owen lors des Jeux olympiques de 1936, souliers avec lesquels il obtint quatre médailles d’or. On raconte qu’Hitler fut pris de dépit de voir un athlète noir battre ses adversaires blancs. La chaussure Adidas que porta Terry Fox lors de son marathon en 1980 donne aussi un vrai pincement au cœur.
La chaussure Totem, conçue par le créateur Jeremy Scott pour la compagnie Adidas en 2013, finira certainement par laisser le visiteur perplexe. Arborant des motifs empruntés à l’art autochtone de la côte Ouest, cette chaussure nous aide à mieux apprécier le chemin parcouru depuis les premières espadrilles de toile du siècle dernier.
Pour plus d’informations au sujet de l’exposition Out of the Box, The Rise of Sneaker Culture, consulter: http://www.batashoemuseum.ca.
Photo : Vue générale de l’exposition