Cinéfranco est à la peine. Il y a quelques jours, la directrice du festival Cinéfranco, Marcelle Lean, apprenait qu’elle ne recevrait pas la subvention de 212 000 $ de la Fondation Trillium. Si la directrice et fondatrice de Cinéfranco comptait sur cette somme pour accroître son festival en doublant le programme jeunesse et en desservant le nord de l’Ontario (qui possède une grande communauté francophone), les compteurs sont hélas remis à zéro.

« Il n’y aura pas d’expansion mais c’est peut-être aussi la mort du festival », précise Marcelle Lean. En effet, ce manque à gagner met en danger le festival qui n’a aujourd’hui pas les fonds nécessaires pour assurer le programme adulte qui le caractérise. 

Le programme jeunesse est maintenu et Marcelle Lean en connaît déjà la programmation qu’elle nous dévoile. Adama de Simon Rouby, Les Oiseaux de passage d’Olivier Ringer ou encore La Passion d’Augustine de Léa Pool : voilà quelques titres de la sélection qui sera proposée aux élèves des écoles participant à Cinéfranco. « Apprendre une langue, ce n’est pas tout. Il faut aussi rencontrer l’autre. Avoir cette expérience. »

Le programme adulte, lui, est mis en suspens. Ce ne sera qu’au mois de janvier que la directrice pourra annoncer le lancement d’une 19e édition ou une année 2016 sans Cinéfranco. « C’est une lutte constante que de ramasser de l’argent. Il n’y a pas de consistance dans les subventions », explique Marcelle Lean, qui déplore avant tout un manque de logique.

Un coup dur pour cette passionnée de cinéma qui a créé le festival en notant le manque de visibilité des films francophones en Ontario : « J’étais frustrée. Je lisais des magazines de cinéma mais les films ne venaient jamais à Toronto. » 

Elle décide alors de créer Cinéfranco pour donner de la visibilité aux films francophones qui « passent à la trappe » mais également pour offrir un accès au public qu’il soit francophone ou anglophone. « Le Festival, c’est le miroir, c’est la voix qui va faire le lien entre nous (les francophones) et les autres. On peut se projeter, se connecter », ajoute-t-elle. 

France, Belgique, Canada, Suisse, Afrique, Cinéfranco allie qualité et quantité offrant un large éventail de toutes les francophonies, tout en prenant soin de mélanger les styles populaires et intellectuels. « Le but est de partager un héritage culturel divers basé sur le maintien et le partage de la langue française », conclut Mme Lean. 

 Photo: Marcelle Lean