Jean de Loisy parle des artistes qu’il expose au Palais de Tokyo comme de « ses amis ». « Ici, vous voyez cette superbe exposition de mon ami Philippe Parreno. Un des seuls artistes français qui peut inventer une nouvelle situation. » C’est au moins inhabituel. Mais Jean de Loisy est inhabituel.
Considéré comme un franc-tireur de l’art contemporain, il s’est bâti seul, figurant en bonne place dans la grande école des autodidactes. Peut-être est-ce cette formation sur le tas qui le rend si passionné, lorsqu’il parle d’art. En tout cas, cela ne l’a pas empêché d’être nommé en juin 2011 à la tête du Palais de Tokyo, cette institution parisienne d’art contemporain.
Le Palais de Tokyo fait pratiquement face au musée du Quai Branly et à la tour Eiffel. Juste à côté du Trocadéro, et au bord de la Seine, qu’il domine de sa silhouette sobre et épurée. Ses formes rondes trahissent le style art-déco et les années 1930. Très sobre, il est souvent ignoré des touristes qui préfèrent se ruer sur le Trocadéro ou la tour Eiffel. Pourtant, ce musée vaut largement le détour.
L’aile Est du bâtiment, qui appartient à la Ville de Paris, abrite le musée d’art moderne de la Ville tandis que l’aile Ouest, qui appartient à l’État, accueille depuis 2002 un centre d’art contemporain. C’est cette aile que Jean de Loisy dirige.
Après des travaux de longue haleine, le Palais de Tokyo est de nouveau ouvert au public dans son intégralité depuis le 12 avril dernier, ce qui en fait le plus grand centre d’art contemporain d’Europe, avec 20 000 mètres carrés.
M. de Loisy a parlé d’art, essentiellement des collections qu’il présente, mais également du rôle du Palais de Tokyo, dans un contexte très difficile de crise. Et ce rôle, c’est celui de « chercher les choses que l’on ne sait pas ». Car, selon lui, « l’art est une des dernières aventures qu’il reste à l’homme, puisque toute la terre est découverte ». Et c’est avec des centres comme le Palais de Tokyo que le public est invité à faire partie de cette aventure.
Comme le dit Jean de Loisy, « assister à une exposition, c’est refaire l’effort de repartir de zéro, de prendre le risque de changer de paradigme ».
Photo : De gauche à droite : Claire Le Masne, Ann Webb, Jean de Loisy et Gaëtane Verna.