Alors que l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique entre 1.5 et 2 degré d’ici 2100 est souligné comme un grand succès pour la cause environnementale et la protection de la planète, l’Alliance française invitait son public à s’intéresser à la cause de la biodiversité lors d’une conférence mettant en abîme paléontologie et actualité scientifique.
La discussion était menée par Jean-Bernard Caron, conservateur de paléontologie des invertébrés au Musée Royal de l’Ontario et Jean-Christophe Auffray, conseiller pour la science et la technologie à l’Ambassade de France au Canada donc les discours dessinaient des pentes inquiétantes pour l’avenir de la biodiversité.
Les 5 premières extinctions de masse
Jean-Bernard Caron revenait sur les cinq crises majeures de la biodiversité donnant lieu à des extinctions de masse à travers les temps géologiques.
« 99.9 % de toutes les espèces qui ont vécu sur la Terre sont maintenant éteintes », explique le paléontologue soulignant l’extinction d’une espèce comme un fait naturel.
Une extinction de masse correspond à l’extinction d’au moins 75 % des espèces vivantes. Contrairement à ce que l’on a pu nous raconter avec la fin des dinosaures, ces derniers n’ont pas disparu du jour au lendemain à cause d’un astéroïde. Une extinction de masse se fait sur plusieurs millions d’années et les causes sont souvent multiples et difficiles pour les scientifiques à interpréter. « On a du mal à faire la différence entre la cause et la conséquence », dit le conservateur.
Est-on dans une sixième crise de la biodiversité?
Telle était la question que posait Jean-Christophe Auffray à l’auditoire qui se lançait dans une démonstration d’un phénomène actuellement en marche.
Le dodo, le tigre de Tasmanie, le baiji, un dauphin d’eau douce voilà autant d’exemple des 765 espèces éteintes, ces 500 dernières années.
Selon un article paru dans Nature en 2014, 25 % des espèces de mammifères sont en danger, de même que 15 % des oiseaux et 40 % des amphibiens. Sachant qu’une crise majeure se fait avec la disparition de plus de 75 % des espèces, la somme des espèces disparues et de celles en danger nous rapproche de ce chiffre fatidique, démontre le conseiller pour la science et la technologie à l’Ambassade de France. D’autres chiffres affligeants? Il reste 3 500 tigres, 880 gorilles et 70 léopards de l’Amour.
À mettre en cause pour ces disparitions, l’exploitation des milieux, responsable à 37 % de la mise en danger de la biodiversité, la dégradation de l’habitat par l’homme, responsable à 30 %, le changement climatique responsable à 7 %.
« Vous aimez les méduses?, lançait Jean-Bernard Caron au public, car d’ici 200 ans il n’y aura plus que ça dans les océans. La pêche aura fait disparaître les poissons. »
Jean-Christophe Auffray soulignait la capacité de réponse de la biodiversité et sa flexibilité écologique qui fait évoluer ses habitudes pour s’intégrer dans les nouveaux phénomènes écologiques ou encore l’évolution génétique – qui cependant n’aidera pas à passer la crise actuelle, une mutation génétique se développant sur des milliers d’années.