Jean-François Gérard

L’événement a rempli une douzaine de tables au Malaparte, au sixième et dernier étage du cinéma TIFF Bell Lightbox. L’organisation de réseautage des milieux francophones d’affaires, académiques, culturels et gouvernementaux a convié quatre femmes. Modéré par la journaliste Sandra Padovani, le panel a réuni Vicky Boudreau, cheffe de la direction et partenaire fondatrice de BICOM Communications, l’honorable Lucie Moncion, sénatrice indépendante, Michelle Séguin, présidente-directrice générale du groupe TFO et Barbara Martin, cheffe du Lycée français de Toronto, autour du thèmes « Les atouts du leadership féminin ».

« Nos qualités plus féminines, comme avoir plus d’empathie, peuvent jouer contre nous, estime, par exemple, Vicky Boudreau. Des hommes dans l’industrie m’ont dit de ne pas toujours m’excuser ou une femme habituée à siéger dans un conseil d’administration, de ne pas commencer mes interventions par « ma question va sembler bête ». Aujourd’hui, on ne niaise pas. » Et si au début elle ne se sentait « pas prise au sérieux » – par exemple, pour louer des bureaux, il lui a fallu sept ans pour avoir « tout d’un coup », de multiples financements. Aussi car plus de structures orientées vers l’entreprenariat féminin se sont développées.

Issue du milieu de la finance, autre secteur peu féminin, avant de faire de la politique, Lucie Moncion a surtout usé de sa répartie. « Un collègue de travail m’a dit un jour que j’étais agressive. Je lui ai répondu : Je ne suis pas agressive, je suis déterminée. Et je suis déterminée à prendre ton poste. » Récemment encore elle a entendu en Chambre : « Si votre sensibilité ne vous permet pas de supporter ces remarques, vous ne devez pas être là. » Ce à quoi elle rétorque : « On va laisser les sensibilités de côté et parler de respect ».

Plus éloignée des sphères économiques, Barbara Martin, proviseure d’un lycée difficile en région parisienne avant de prendre la tête de celui de Toronto en juillet 2021, a davantage parlé de la réussite scolaire « qui ne peut se passer de l’épanouissement ». Selon elle, la première chose à faire pour être un bon parent, c’est « que les parents soient heureux ». Michelle Séguin estime qu’un de ses mérites à TFO est d’avoir su « constituer des équipes qui travaillent bien ensemble », un gage de productivité.

À la question écrite venant du public : « Comment aider des femmes qui n’ont pas la responsabilité de leader? », il reste difficile de donner une réponse simple. Barbara Martin ne sait pas « si c’est le poste qui rend leader ou le fait d’être leader qui fait que j’ai eu mon poste » et se compare à un colibri qui « fait sa part ».

La sénatrice Lucie Moncion suggère de savoir « retomber sur ses bases » dans les moments de difficulté.

Vicky Boudreau conseille de « se pousser, car c’est payant ». Autre astuce glissée par la cheffe d’entreprise pour rencontrer des personnalités inspirantes : oser demander « un café de 15 minutes dans les 6 prochains mois », demande à laquelle personne ne peut répondre qu’elle n’a pas le temps.

Le prochain déjeuner du Club canadien est prévu le mercredi 24 mai et aura pour thème la coopérative financière, modèle du Mouvement Desjardins.

Photo de gauche à droite : Sandra Padovani, Vicky Boudreau, la sénatrice Lucie Moncion, Michelle Séguin et Barbara Martin