Difficile d’imaginer en apercevant Antoine Ouellette qu’il est atteint du syndrome d’Asperger. Souriant et n’ayant pas la langue dans sa poche, ce cinquantenaire parcourt actuellement le monde occidental pour parler de l’autisme et faire la promotion de son livre intitulé Musique Autiste. Vivre et composer avec le syndrome d’Asperger. C’est dans ce cadre que l’auteur a fait un arrêt au Cercle de l’Amitié de Mississauga le 19 novembre, devant parents et responsables scolaires ayant soif de connaissance.
M. Ouellette n’est pas seulement écrivain, il est également professeur de musique à l’Université du Québec à Montréal, musicologue et compositeur. Des passions multiples pour un homme qui refuse d’être réduit à son statut autistique et qui s’attache de fait à défaire les préjugés.
Adepte du génie musical de Joseph Haydn ainsi que des chansons d’Elvis Presley, Antoine Ouellette expose tout en douceur ce qui l’anime, le fait réagir et rêver. Il déroule son enfance au pied de l’auditoire en expliquant sa fascination pour les lumières ou son goût inaltérable pour un morceau de musique particulier, qu’il pouvait réécouter pendant des heures au grand dam de ses géniteurs.
L’humour est au cœur de son discours, car il est une arme efficace pour lutter contre ce qu’il appelle « l’autismophobie ». Lui-même victime d’intimidation et de violences physiques de la part de ses camarades de classe, il tient à ce que son livre fasse partie de la solution à ce rejet. « Je ne suis ni plus ni moins qu’une personne normale, nos problèmes ont juste une couleur particulière », dit-il.
Il s’attache ensuite à décrire les rituels qui composent ses journées, son amour des insectes et des chats. Ces derniers ont par ailleurs une importance particulière à ses yeux puisqu’il aime à comparer les autistes aux félins. Que ce soit au niveau de la faculté d’observation, de leur sensibilité au toucher ou de leur calme apparent, les similitudes sont parfois troublantes, selon lui.
Il y a à l’heure actuelle trois fois plus d’autistes que ceux qui sont officiellement recensés, et son travail pourrait justement profiter à toutes les personnes qui n’en ont pas conscience. Le public fut conquis, aussi étonné par son éloquence que par son énergie.
Antoine Ouellette s’envolera bientôt pour l’Europe où il répandra la bonne parole, malgré sa phobie de l’avion. « J’ai peur de prendre l’avion, mais il faut affronter ses peurs », explique-t-il plein d’assurance.
Photo : Antoine Ouellette a également fait la promotion de son livre.