Dans tout ce qu’il fait, et plus encore dans ses relations avec les autres, l’humain est tiraillé entre son instinct, sa raison et ses passions. La mesure avec laquelle ces forces influent tour à tour sur la société est à la racine de nos malheurs ou de notre bonne fortune. Animal Triste, un spectacle de danse contemporaine qui sera présenté du 11 au 13 avril au Harbourfront Centre Theatre, explore la dimension plus sombre de la nature humaine et déchire le voile des illusions quant à la noblesse de ses sentiments.
C’est dans le cadre de sa série Torque, qui met en valeur des femmes chorégraphes d’ici et d’ailleurs, que le Harbourfront Centre a décidé de présenter ce spectacle en grande première à Toronto. Création de la montréalaise Mélanie Demers, Animal Triste s’est attiré bien des éloges depuis qu’il fut offert pour la première fois au public en 2016.
C’est l’ouvrage Sapiens de Yuval Noah Harari qui a été l’élément déclencheur ayant conduit Mme Demers à concevoir ce spectacle. « Ce livre fait la brève histoire de l’humanité, explique la chorégraphe. À sa lecture, ça m’a ouvert sur la grandeur et la petitesse de notre espèce. » Animal Triste se décline en quatre parties : la première, plus abstraite, aborde l’évolution biologique; la deuxième se penche sur le développement du lien social; la troisième traite des relations de pouvoir; finalement, la quatrième partie évoque le cheminement spirituel des peuples. « Tout ça en une heure! », plaisante Mme Demers.
Après avoir étudié la danse, la littérature et le théâtre à Québec, Mélanie Demers a entrepris une formation à l’École de danse contemporaine de Montréal. Après avoir reçu son diplôme, elle entreprend en parallèle une carrière de danseuse et une autre de chorégraphe. En 2007, elle fonde sa propre compagnie, MAYDAY, et compte à ce jour une vingtaine de créations à son actif. Malgré cet imposant bagage, l’artiste confie que son travail s’apparente à un éternel recommencement : « Quand on prend de l’expérience, on pense qu’on va faire mieux les choses. Mais quand on est au milieu de cette traversée du désert qu’est la création, on se rend compte que c’est une plongée dans l’inconnu. »
Animal Triste représentait donc un nouveau défi avec des particularités qui lui sont propres. « Je me suis plus abandonnée au pouvoir d’évocation des corps », explique Mélanie Demers qui a voulu cette fois donner un ton un peu moins théâtral à cette oeuvre. Par contre, un grand thème, déjà présent en filigrane dans ses chorégraphies précédentes, se trouve aussi dans Animal Triste : « J’essaie de faire coexister des parts d’ombre et de lumière ».
Le spectacle fait donc osciller le public entre l’espoir et le fatalisme et pour livrer pareille performance, quatre interprètes de talents seront présents sur scène : Marc Boivin, James Gnam, Brianna Lombardo et Riley Sims. C’est un rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs de danse.
PHOTO : Animal Triste décortique la nature humaine avec énergie.