L’Université Ryerson, en partenariat avec le Consulat de France a organisé le 26 octobre
une conférence sur le thème Architecture as a non oppressive design (l’architecture comme design non oppressif) donné par l’architecte Jacques Ferrier.

Une soixantaine d’étudiants et de professeurs en architecture y ont assisté. Jacques Ferrier a étudié à l’École Centrale de Paris et l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville. Après ses études, l’architecte démarre une carrière très prolifique qui le conduit à l’étranger. Il travaille notamment sur le pavillon français à l’expo de Shanghai en 2010. La même année, il crée avec Pauline Marchetti, Sensual City Studio, un laboratoire d’idées, de création et de prospective urbaine. « Le studio analyse les mutations de l’architecture et des métropoles contemporaines pour en anticiper les effets. » C’est sur ce courant de pensée architectural innovant que s’est livré Jacques Ferrier devant l’assemblée.

On le voit bien, l’architecture évolue avec le temps et Toronto en est la preuve. Avec l’industrialisation et l’urbanisation, les villes ont grandi très rapidement et il a fallu construire vite et en masse. Toutes ces constructions, affectent-elles le confort de vie du citadin? L’architecte le croit : « Nous pensons, Pauline Marchetti et moi que l’architecture au XXe siècle est vraiment spécialisée dans l’urbanisme de géométrie, dans l’architecture fonctionnelle pour des raisons évidentes. Comment répondre à la question de la grande ville? « On s’est coupés petit à petit de nos sensations. Tout ce qu’on a gagné en confort, en fonctionnement, en déplacement se paye à un prix fort puisque c’est au détriment des expériences physiques corporelles que nous avons dans la vie », indique Jacques Ferrier. Ce schéma de ville peut être oppressant pour certains. Les condominiums peuvent créer une sensation de claustrophobie. Les cinq sens de l’être humain sont ainsi mis à rude épreuve.

« C’est de constater que la technique qui nous a rendu d’énormes services, à force d’être hyper présente, elle devient stressante, poursuit le conférencier. À la fin de la journée, il y a une certaine anxiété parce que tout notre environnement (travail, transport, maison) dépend vraiment de la technique. » Dans un monde obnubilé par les nouvelles technologies, l’architecte plaide pour une ville « sensuelle », plus à l’écoute des besoins de l’Homme prenant compte de « l’expérience de l’environnement » de chacun. Les bâtiments, les quartiers, la rue devraient nous mettre en situation de plaisir. Cette réconciliation entre l’homme et la nature est fondamentale », insiste-t-il.

À Toronto, entre l’été et l’hiver, la ville connaît de grosses variations de température. Pour tout architecte, la régularisation de la température d’un immeuble est un problème à résoudre. Voici un des moyens proposé par Jacques Ferrier afin d’en améliorer la construction. « Je crois que les façades orientées vers le nord ne devraient pas être identiques à celles faisant face au sud. C’est indépendant des variations de climat. Les bâtiments que j’ai vus au centre-ville de Toronto sont toujours dans cette idée. Quel que soit le design de la façade, on a quatre façades identiques. C’est dramatique. Autant au nord, on peut essayer de capter de la lumière et de la chaleur. Autant au sud, en travaillant avec de l’épaisseur, avec des matériaux qui emmagasinent de la chaleur, on pourrait réduire cette même chaleur », confie l’architecte. Une conférence intéressante sur une nouvelle façon de voir l’architecture et l’espace urbain.