Selon Me Gérard Lévesque, juriste et ardent défenseur des francophones en Ontario et en Alberta, l’approche du 150e anniversaire de la fédération canadienne et des élections municipales et provinciales sont des occasions rêvées pour les francophones de faire valoir leurs droits. Invité au dernier déjeuner d’affaires organisé par le Club canadien de Toronto, Me Lévesque estime qu’il est grand temps que l’article 16 de la Charte des droits et libertés, loi qui stipule depuis 1982 que le français et l’anglais doivent être traités sur un pied d’égalité au Canada, devienne une réalité dans toutes les villes et les provinces du pays. 

Me Lévesque maintient qu’il faut cependant exercer de la pression auprès de politiciens. Seuls ceux qui se font entendre ont gain de cause. « On fait seulement attention à la porte qui grince. Alors, soyons grinceux », déclarait-il à la centaine de personnes qui étaient venues l’écouter dans la magnifique Salle impériale de l’Hôtel Fairmount Royal York. Me Lévesque encourage donc les francophones à entreprendre des actions à la fois individuelles et collectives afin de faire progresser le français aussi bien à Toronto que dans le reste de la province.  

Me Lévesque nous encourage à être plus visibles. Nous devons arborer nos couleurs avec fierté en portant des t-shirts portant des inscriptions en français comme le font beaucoup d’autres communautés. Il ne faut pas avoir peur de parler français haut et fort dans la rue ou bien même dans les transports en commun. Gérard Lévesque s’empressa de fournir quelques anecdotes personnelles. Il se souvient du jour où il demanda auprès de la ville que le panneau de sa rue soit bilingue. Il se remémore aussi de l’époque où il défendit son voisin au tribunal en français quand le chien de celui-ci osa faire ses besoins sur le gazon d’un résident du quartier. 

Le juriste rappelle que chaque petit geste compte, comme le fait d’écrire son testament en français. Les francophones ont intérêt à utiliser les services en français qui sont mis à leur disposition, sinon il bien difficile de justifier leur existence auprès de la majorité anglophone. 

Selon Me Lévesque, les francophones se doivent de questionner les divers candidats. Pourquoi ne pas organiser des rencontres avec les candidats, comme il le fit lui-même il y quelques années dans sa circonscription?  

Il souligne que certains anglophones souffrent encore du « complexe de Trafalgar », ce sentiment d’être supérieur aux francophones. Il fait remarquer que le français demeure une langue étrangère dans certains coins du pays. Deux solitudes qui ne sont pas égales.  

Certains anglophones s’avèrent toutefois de fervents alliés à la cause francophone. D’après Me Lévesque, c’est sous la présidence d’un anglophone que l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario, organisme dont il fut lui aussi président durant 10 ans, que le français fit les plus grandes avancées en matière juridique. L’argument francophone semble avoir plus de poids s’il est aussi soutenu par un anglophone.

Si le français a fait beaucoup de progrès dans certains secteurs tels que la santé et l’éducation, il reste néanmoins des professions oubliées. Me Lévesque pense notamment aux secteurs de l’architecture, de l’ingénierie ou de la comptabilité. 

Au niveau institutionnel, le conférencier aimerait voir un sénat élu et représentatif des minorités. La chambre haute pourrait alors comprendre un pourcentage de sièges réservés aux francophones. Quant aux femmes, elles devraient naturellement occuper 50 % des sièges. 

Pour plus de renseignements au sujet des déjeuners d’affaires du Club canadien de Toronto : www. clubcanadien.ca.  

Photo : Me Gérard Lévesque