L’Alliance française a organisé une soirée « Wine Connection » autour du Bordeaux, le 16 avril dernier. L’occasion de redécouvrir ce grand vignoble qui ennoblit les étiquettes.

C’est un nom majestueux, qui impose le respect. Un nom connu dans le monde entier. Un nom noble et dont la seule évocation suffit à exciter les instincts des connaisseurs. Mais c’est aussi un nom quelque peu galvaudé, une étiquette sous laquelle on peut tout trouver. Le meilleur des grands crus, mais aussi le pire du vin industriel. Ce nom, c’est celui de Bordeaux. 

Bordeaux, c’est la neuvième plus grande ville de France (mais l’agglomération bordelaise est la sixième). C’est une jolie ville bourgeoise, tranquille, à la réputation un peu ennuyeuse, d’où son surnom de « Belle endormie ». Mais Bordeaux, c’est aussi un nom qui fait vendre. Qui fait vendre le précieux nectar, évidemment, mais aussi des domaines. Des châteaux, au milieu des vignes, qui produisent le « sang de la terre » et dont les propriétaires vieillissants se débarrassent au profit de milliardaires. 

Ainsi, en se promenant dans la coquette ville de St-Émilion, capitale des vins de Bordeaux, les vitrines des nombreuses agences immobilières arborent des panonceaux rédigés en français, mais aussi en anglais et en chinois. Les riches Chinois sont en effet amateurs de domaines bordelais (les oligarques russes préfèrent le cognac) et la mode, depuis quelques années, est de s’en offrir. D’autant qu’il s’agit souvent de très beaux petits châteaux, comme le Château Prieuré-Lichine, dans le Médoc.

Pourquoi Bordeaux? Pourquoi le Bordelais est-il la région emblématique du savoir-faire viticole? À l’origine, il y a les Romains qui implantent la vigne autour de Burdigalia. Puis les Anglais, au Haut Moyen-Âge, qui en furent friands et l’exportèrent en masse lorsqu’ils contrôlèrent la région. La réputation du vin de Bordeaux était lancée.

Concrètement parlant, le Bordeaux comprend une grande diversité de vins. Les grands crus, qui ne représentent qu’un faible pourcentage de la production, mais le plus gros du chiffre d’affaires. La « place  de Bordeaux », 300 négociants en vin, courtiers et vignerons génèrent une économie florissante, bien qu’en crise, à l’image de l’ensemble du secteur. C’est un milieu très fermé socialement. Difficile d’accès, à moins d’avoir de la famille dans le vin, ou d’être très riche.

Pour qu’un vin soit bon, il faut qu’il voie rivière, disent les Bordelais. Et la région n’en manque pas, entre la Garonne, la Dordogne et l’estuaire de la Gironde. Ces trois cours d’eau donnent son originalité à la région et permettent de savoir où sont ses divisions. Médoc au sud de la Gironde, Graves au sud de la Garonne, Entre-deux-mers entre Garonne et Dordogne et Blayais et Libournais sur sa rive nord. 

Bref, le Bordeaux est un univers complexe qui semble mû essentiellement par l’argent. Pourtant, le vin, ce produit de la terre, du soleil, des éléments, de la plante et de la main du vigneron est avant tout un plaisir et une expérience éminemment subjective. Pour mieux goûter un vin, il faut le regarder, le faire tourner dans son verre, le sentir, le déguster et enfin, le savourer. Avec des amis, autour d’une assiette de fromages, comme ceux de Thom Sokoloski, maître fromager, venu ce soir-là présenter sa sélection de fromages du Québec.