De retour d’une tournée européenne, la compagnie Marie Chouinard pose ses valises au Canadian Stage du 19 au 23 avril. Sur la scène du théâtre torontois, les dix danseurs produiront une performance inspirée de l’œuvre culte du peintre néerlandais Jérôme Bosch : Le Jardin des délices, un triptyque du XVIe siècle représentant le paradis terrestre, l’humanité pécheresse et l’enfer.
« Lorsque la Fondation Jheronimus Bosch m’a proposé d’interpréter cette œuvre pour commémorer le 500e anniversaire de l’artiste, j’ai tout de suite dit oui », confirme Marie Chouinard.
La chorégraphe québécoise a choisi de « coller » à la toile : « Bosh m’a donné tout ce qu’il me fallait pour réaliser une création en trois actes. Je me suis inspirée de ces corps nus dont les visages semblent plonger dans une paix extraordinaire. J’ai demandé aux danseurs de reprendre leur position, puis j’ai décliné des séquences à partir de là. »
À l’écoute des corps, qu’elle souhaite connectés avec l’esprit pour livrer toute leur intensité et leur poésie, Marie Chouinard offre au public une œuvre picturale et chorégraphique reflétant la pensée du peintre flamand qui a fait preuve, selon elle, d’un « humour et d’une lumière intelligente pour son époque, représentant les enfers d’une manière inhabituelle ainsi que son propre visage, comme pour suggérer que l’enfer n’est pas au-delà mais bien dans notre vie quotidienne. »
« On aime beaucoup jouer à Toronto. Le public nous suit et le directeur Matthew Jocelyn est formidable. Après une tournée européenne où l’on a joué sept pièces du répertoire, c’est plaisant de revenir en Ontario, indique celle qui rebondit de projet en projet. « J’adore être sur plusieurs plans à la fois, en m’investissant calmement sur chaque page. Il y a un côté enfantin et déterminé à la fois. Je suis en train de terminer un ballet à Monte Carlo et j’ai pris la direction de la Biennale de danse de Venise, pour quatre ans. Diriger ce festival est une opportunité de donner de manière différente au public, à travers les œuvres des autres, et de guider les jeunes chorégraphes du collège. »
Récompensée en 2016 par le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, le Prix Walter-Carsen d’excellence en arts de la scène (Canada), le prix de la meilleure œuvre internationale et le Prix Positano « Chorégraphe de l’année » (Italie), la chorégraphe se sent confortée dans sa passion et dans ses projets. « J’ai toujours trouvé cela encourageant, dit-elle. J’ai l’impression que l’on me donne de l’amour et que l’on me demande de continuer à en donner aux gens, en m’appuyant sur des danseurs fantastiques, comme Carol Prieur. » Un délice.
Photo : La chorégraphe québécoise Marie Chouinard.