L’AGO célèbre les rebelles de Toronto

Robin John Collyer Untilted #2, 1975 © AGO

Dans les années 1970-1980, Toronto commençait tout juste à sortir de sa torpeur de ville morte (rappelons que la ville fut décrite comme un New York géré par les Suisses par l’acteur Peter Ustinov) pour s’inscrire sur la scène internationale au côté de la très excitante Montréal et la très politique Ottawa.

C’est ce bouillonnement que le Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) a souhaité mettre en avant avec l’exposition Toronto : Tributes+ Tributaries, 1971-1989 (Toronto : Hommages + Affluents) qui rassemble plus de 100 œuvres de 65 artistes.
Le titre Toronto : Tributes+ Tributaries est un hommage aux différents cours d’eau cachés de la ville, mais aussi une métaphore pour ces courants et histoires artistiques qui se sont effacés au fil des ans.

Les bouleversements sociaux et politiques (lutte contre l’égalité salariale, pour des logements sociaux, mais également manifestations pour les droits LGBT après les raides dans les bains publics) des années 1970-80 donnent naissance à une génération d’artistes rebelles qui repoussent les frontières de la peinture, de la sculpture et de la photographie conventionnelle en explorant l’art par le biais de nouveau médias dont la vidéo, l’installation et la performance.

Norval Morrisseau, Ancestral Warrior, 1972 © AGO
Norval Morrisseau, Ancestral Warrior, 1972 © AGO

L’exposition propose aux visiteurs de nombreux clins d’œil à la ville de Toronto et à son paysage urbain de par des œuvres qui soulignent l’énergie expérimentale de la scène artistique de Toronto dans les années 70 et 80.

Parmi les artistes représentés, le public retrouve Michael Snow, Joanne Tod, the Clichettes, ou encore l’incontournable Norval Morrisseau, ainsi que le photographe June Clarke, l’illustrateur Ato Seitu et le poète dub Lillian Alen.

Deux œuvres majeurs s’imposent comme les balises de l’exposition. La première est le projet conceptuel, The 1971 Miss General Idea Pageant du trio artistique General Idea et la seconde la performance sculpturale, Rising to the Occasion (1987-1991) de Rebecca Belmore.

« De par la tension entre ces deux œuvres – l’une, critique du star-système du monde de l’art et l’autre, une performance profondément personnelle et politique – on peut comprendre à quel point les choses ont changé substantiellement en seulement deux décennies, dit Wanda Nanibush, commissaire de l’exposition.

Toronto : Tributes+ Tributaries, présentée jusqu’au 7 mai 2017, est accompagnée d’une série de performances explorant les notions du corps, de l’image, de l’autoportrait, de l’histoire et de la représentation. De quoi ravir les adeptes d’un art qui sort du cadre.