Raphaël Lopoukhine
Le jeudi 13 septembre, une vingtaine de personnes sont venues rencontrer Corinne Narassiguin, dans une salle du centre d’innovation sociale, situé au cœur de Chinatown, dans un immeuble récemment rénové.
Corinne Narassiguin est la députée de la première circonscription des Français de l’étranger qui couvre Amérique du Nord. Ce poste, ainsi que les dix autres postes de députés des Français de l’étranger, ont été créés pour l’élection législative française de juin dernier. Alors que la circonscription était à l’origine donnée largement gagnable par la droite, Corinne Narassiguin et son étiquette du Parti Socialiste ont créé la surprise en l’emportant nettement grâce à une excellente campagne de terrain.
Cette réunion à Toronto représente sa première visite en tant qu’élue dans une ville qui l’a plébiscitée. Elle s’inscrit dans le cadre d’une tournée sur la côte est du continent. Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, Washington et New York. Quatre villes canadiennes sur six. Il est vrai que ce sont les Français du Canada qui ont élu en majorité Mme Narassiguin.
Pendant la tournée de sa circonscription, Mme Narassiguin manque deux grands évènements. Un débat parlementaire sur les « emplois d’avenir », programmé en urgence alors qu’il était trop tard pour changer son voyage, et un congrès du Parti Socialiste, au cours duquel un nouveau secrétaire général a été choisi : Harlem Désir. Un choix qui satisfait Mme Narassiguin : « Je pense qu’Harlem Désir, c’est bien. Mieux que Cambadélis. Je n’ai pas de problèmes pour le dire. »
À Québec, Montréal, Ottawa ou Toronto, Mme Narassiguin a rencontré des Français au cours de réunions publiques. Elle a également honoré une série de rendez-vous individuels. Au programme, des interrogations sur des soucis personnels. Problèmes de retraite, de fiscalité, situations de précarité, comme ces cas de personnes en attente de la résidence permanente et dont le permis arrive à expiration, et qui vont perdre leur emploi. « Ils viennent me voir car ils ne savent plus où se tourner. Je n’ai pas de solutions miracles, mais je peux leur proposer des interlocuteurs. Mon rôle, c’est d’être à l’écoute », affirme-t-elle.
Corinne Narassiguin a fait part aux Français venus la rencontrer de ses premiers pas de députée. Les commissions auxquelles elle participe, son bureau ou encore l’organisation de son temps. Un vrai problème, puisqu’il lui faut à la fois assurer une présence en Amérique du Nord et à Paris pour pouvoir être pleinement efficace.
En ce qui concerne les élections québécoises, il semble qu’après les élans fédéralistes de Nicolas Sarkozy, la nouvelle majorité française soit revenue à l’attitude traditionnelle de la France sur la question de la souveraineté du Québec : « ni ingérence, ni indifférence ». « Je suis un partenaire des Québécois, quel que soit leur choix », résume la députée.
Sur les sujets plus métropolitains, Corinne Narassiguin a commencé à travailler sur la prochaine loi concernant l’ouverture du mariage et à l’adoption à tous les couples. « Je suis pour une véritable égalité des droits », martèle-t-elle. Elle compte également proposer des amendements en faveur de la procréation médicalement assistée. « On essayera de faire avancer la question le plus loin possible. Il y aura des réticences et un débat, mais il vaut mieux ne pas passer un mauvais texte dans l’urgence », ajoute Corinne Narassiguin.
À la fin de la réunion, la plupart des participants ont félicité Mme Narassiguin. Le parfum de victoire n’est pas encore tout à fait dissipé.
Photo : La députée socialiste a rencontré ses électeurs.