Au Canada, le Jour du Souvenir ne se résume pas aux défilés et aux discours. Les sons — du clairon à la cornemuse — rappellent les sacrifices passés et unissent les générations dans un même moment de mémoire et de recueillement.
Christiane Beaupré
Chaque 11 novembre, à 11 h précises, Canadiens et Canadiennes observent deux minutes de silence pour honorer les militaires décédés lors des conflits. Cette année, l’événement marquait le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La sonnerie aux morts, interprétée au clairon, marque le début de ce moment solennel. Instrument militaire utilisé depuis le Moyen Âge, le clairon transmet sans mot l’émotion et le respect, et est un symbole fort du souvenir. La sonnerie précède généralement les deux minutes de silence et les lectures de noms ou les dépôts de couronnes.
À Toronto, une cérémonie importante se tient devant le Monument aux anciens combattants, situé devant la Législature ontarienne. De nombreux Torontois et anciens combattants s’y rassemblent chaque année en grand nombre. Le matin du 11 novembre 2025, la cérémonie a de nouveau été ponctuée par une salve de 21 coups de canon, accompagnée de cornemuses, soulignant la solennité du moment et rappelant la dimension militaire du rituel du souvenir.
La cornemuse accompagne souvent les cérémonies, notamment dans les communautés liées aux régiments écossais du Canada. Ses airs graves et mélancoliques, comme Amazing Grace (cantique de la grâce divine) ou Flowers of the Forest (« Les fleurs de la forêt », mélodie traditionnelle écossaise de deuil), ajoutent une dimension émotionnelle à l’hommage. Dans plusieurs villes, des cornemusiers se produisent lors des cérémonies officielles et des rassemblements publics.
Les cérémonies ne sont pas uniquement militaires. Dans les villes et villages, des monuments et cénotaphes accueillent le public, et des sons divers contribuent à l’atmosphère : cloches d’église, chants patriotiques ou moments de silence partagés. À Toronto, par exemple, la place Nathan Phillips se pare chaque année de coquelicots et de décorations symboliques pour rappeler le sacrifice des soldats. À Niagara-on-the-Lake, le NOTL Museum présente The NOTL Poppy Project, une installation artistique composée de milliers de coquelicots faits main. Ces initiatives visuelles et sonores complètent la mémoire officielle et la rendent tangible pour tous.
La musique et le silence jouent un rôle essentiel dans la transmission de l’histoire. Les notes du clairon et les mélodies de cornemuse permettent aux nouvelles générations de ressentir la gravité du souvenir, tandis que les installations artistiques offrent un point d’entrée sensoriel à cette mémoire collective.
Le 11 novembre, écouter devient un acte de mémoire. Chaque son — qu’il s’agisse du clairon, de la cornemuse, des cloches, des coups de canon ou des chants — rappelle les sacrifices passés et souligne l’importance de préserver la paix. Dans ce rituel sonore, le souvenir se vit et se transmet, reliant le passé et le présent à travers des gestes simples mais chargés de signification.
Photos : Des musiciens lors d’une cérémonie du Jour du Souvenir à Queen’s Park (Crédit : archives Le Métropolitain)





