Denis Poirier

Le Sommet financier francophone, organisé par le Club canadien de Toronto, s’est tenu les 28 et 29 octobre au Vantage Venues, au cœur de la métropole. Pendant deux journées d’échanges intenses, plus de 350 participants et 70 panélistes ont exploré les grandes tendances du secteur financier par le biais de 24 conférences consacrées à la transformation numérique, à l’avenir des services bancaires et au rôle croissant de l’intelligence artificielle.

Les discussions ont rapidement mis en évidence l’importance des technologies dans la mutation du monde financier. L’intelligence artificielle, la numérisation et la gestion des données transforment profondément les modèles d’affaires et la relation entre les institutions et leurs clients.

Lors du panel Construire les services financiers du futur, Billy Boucher, directeur général et chef des opérations de la Caisse Desjardins Ontario, a illustré cette évolution en rappelant que 96 % des transactions quotidiennes se font désormais de manière électronique, 3 % aux guichets automatiques par rapport à seulement 1 % en personne. Ce dernier pourcentage, selon lui, représente un moment privilégié d’échange, où le contact direct avec les membres permet de personnaliser le service et de renforcer la confiance.

En insistant sur la complémentarité entre technologie et interaction humaine, M. Boucher a affirmé que les outils numériques doivent être vus comme des alliés plutôt que comme des menaces. Ils permettent, selon lui, de rendre les employés plus efficaces et plus attentifs aux besoins réels des clients, sans pour autant effacer la dimension relationnelle essentielle du secteur.

Mais au-delà des enjeux technologiques, le Sommet a également abordé une question tout aussi cruciale : celle de l’accessibilité linguistique et culturelle des services financiers. Pour Eunice Boué, vice-présidente du Club canadien de Toronto, il est indispensable de mieux accompagner les francophones, notamment les nouveaux arrivants, dans leur compréhension du système financier canadien. Elle a rappelé que de nombreuses personnes peinent à saisir les mécanismes bancaires lorsqu’ils leur sont expliqués uniquement en anglais, et que proposer ces explications en français constitue un levier d’inclusion et d’autonomie économique.

Ainsi, le Sommet a démontré qu’innovation et inclusion peuvent avancer main dans la main. En rassemblant des experts d’horizons variés autour de la francophonie et du numérique, l’événement a permis de tracer les contours d’une finance plus humaine, plus accessible et plus représentative de la diversité linguistique du Canada.

Ce rendez-vous du Club canadien de Toronto s’est affirmé comme un carrefour incontournable de la finance francophone.

Photo : Les panélistes de Construire les services financiers du futur. De gauche à droite : Xavier Labrecque, Yara Elias, Lamia Mekouar et Billy Boucher.