Jean-François Gérard
Dynamiser les formations à distance, la réalité virtuelle, les ressources libres, franciser les savoirs numériques, l’intelligence artificielle, etc. Tous ces sujets ont été longuement abordés au cours de la journée du vendredi 2 février au Globe and Mail Centre.
L’organisme à but non lucratif eCampus Ontario réunissait des universitaires et professionnels de l’éducation autour de la technopédagogie, c’est-à-dire l’amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage par l’utilisation d’outils, de ressources et de systèmes technologiques.
Environ 85 personnes, venues aussi bien de Windsor, d’Ottawa, de Hearst que de Toronto avaient fait le déplacement. L’événement à l’attention des universités et collèges vise à les faire « progresser dans la transformation numérique et améliorer l’expérience des étudiants », résume Andrea Krasznai, associée d’apprentissage numérique à eCampus Ontario. Selon elle, ces enjeux sont communs pour les différents établissements de la minorité franco-ontarienne « isolée géographiquement ».
De quoi aussi gagner en efficacité sur ces sujets techniques quand la pertinence de certaines universités de petite taille est remise en cause pour un rapport provincial. « Mais le but n’est pas d’uniformiser », précise Megan Cotnam-Kappel, professeure à l’Université d’Ottawa, qui souligne que chaque communauté a ses enjeux et son contexte.
Selon l’universitaire, qui a donné l’une des conférences sur la Citoyenneté 3.0, une meilleure résolution des inégalités numériques chez les francophones peut mener à de « l’empowerment » (autonomisation) et de mieux « s’impliquer dans une communauté ». Et pour cela « la langue doit en faire partie », précise-t-elle.
L’irruption de l’intelligence artificielle dans les salles de cours était un thème particulièrement présent dans les discussions. « Voir des gens qui l’utilisent dans les apprentissages pour les étudiants, avec aussi ses limites, était particulièrement intéressant », témoigne par exemple Alisson Zani, diplômée en éducation des services à l’enfant qui a suivi un de ces ateliers. Elle a découvert d’autres outils moins connus que ChatGPT qui, selon elle, permettent de mieux interagir avec les classes, notamment à distance.
« ChatGPT, c’est un peu comme l’arrivée de la calculatrice » compare justement Matthieu Desgagnés-Chatigny, le directeur du Réseau d’enseignement francophone à distance, « il ne faut pas en avoir peur nécessairement, mais savoir l’utiliser ». Cet organisme pancanadien vise à permettre l’apprentissage en français depuis chez soi dans toutes les provinces depuis 1988.
« La communauté franco-ontarienne est la plus nombreuse hors Québec, elle est un peu diluée, mais il y a une vitalité avec beaucoup d’établissements, de collèges aux quatre coins de la province. Ce n’est pas comme ça partout », relève-t-il. Il souligne que depuis la pandémie « de nombreux outils ont été développés ou améliorés » et plaide pour plus de mise en réseau de pédagogues francophones. « Il y a parfois des bons coups qui ne résonnent pas assez ailleurs. »
Dans son mot de la fin aux participants, Andrea Krasznai a appelé à « continuer nos échanges à travers nos réseaux » et a proposé aux participants de contacter son organisme pour qu’il aide à déployer plus concrètement des outils au sein des établissements. Son réseau d’échanges des pratiques en ligne compte 250 membres.
Photo : Andrea Krasznai, associée d’apprentissage numérique à eCampus Ontario