Richard Caumartin

Le soir du 28 juillet, la Franco-Fête s’installait au coin des rues Dundas et Ossington à Toronto pour trois jours de concerts gratuits d’artistes de la francophonie.

Le fait saillant de cette programmation a certes été le lancement du nouvel album Goddess hors-la-loi du trio torontois Les Chiclettes et de leur chanson Ç’pas juste un feeling au bar The Painted Lady le soir de l’inauguration de la Franco-Fête, suivi d’une prestation de Cayenne, originaire de la Côte-Nord au Québec.

Pour Les Chiclettes, les nouvelles chansons sont inspirées de situations qui les touchent personnellement en tant que femmes et en tant qu’artistes, et toujours avec un style musical semblable au swing des années 1940, mais avec une touche plus actuelle sur les musiques de Julie Kim.

« Musicalement parlant, notre inspiration vient de notre manière de remonter dans le temps, explique Julie Kim. On a toujours été jazz et on s’inspirait plus des années 1940, mais on voulait trouver une nouvelle instrumentation, une nouvelle formule pour rafraîchir mélodiquement le son des Chiclettes. Que ce soit au niveau des arrangements, des paroles et un peu de tout ce que nous faisions auparavant. »

Bien qu’elles soient toujours en harmonie, elles ne sont plus du tout calquées sur les Andrew Sisters. « Au début, on prenait des arrangements déjà existants. On n’était jamais vraiment dans nos voix naturelles tandis que maintenant, avec les nouveaux arrangements musicaux, nous exploitons beaucoup plus nos timbres de voix naturels », ajoute-t-elle.

Pour ce qui est des textes, il était important pour les trois artistes de se pencher sur les thèmes qu’elles voulaient aborder. L’intention derrière les paroles a beaucoup évolué pour ce nouvel album.

« Nous choisissons les sujets ensemble. Nathalie écrit les textes entre les chansons, Julie s’occupe de la musique et moi, j’essaie de ramener le tout pour profiter de cette opportunité de dire quelque chose, insiste Geneviève Cholette. C’est important pour moi de changer les choses et avant, il y avait quelques chansons qui étaient amusantes à faire, mais dont le message ne changeait rien. Tant qu’à parler, on va dire quelque chose d’important, on va essayer d’avoir un impact, car il y a tant de choses en ce moment dans le monde qui ont besoin de changement. »

« Nous ne sommes pas les plus grandes vedettes, mais nous avons une voix, une plate-forme, ajoute Nathalie Nadon. Nous jouons dans des salles de spectacles où il y a entre 25 et 300 personnes, mais tout ce que nous disons maintenant, c’est que nous voulons qu’il y ait une pertinence, que cela nous amène ailleurs et que notre public prenne conscience de certaines choses, autant dans les textes que j’écris pour le spectacle que ceux de nos chansons. Souvent nous voyons les femmes dans la salle durant le spectacle nous regarder et dire « moi aussi, je suis comme ça », ou l’homme qui va prendre la main de sa blonde et qui va lui dire : tu es une goddess toi aussi, une hors-la-loi! Les gens se reconnaissent parce que ce sont des thèmes universels. »

Les trois femmes espèrent toucher le plus de cœurs possible avec leurs nouvelles chansons, créer du changement pour le mieux. « Tout cela est vu d’une lentille féminine parce que c’est nous qui chantons, mais en même temps, les thèmes vont toucher autant les hommes que les femmes », espère Mme Nadon.

« Le côté féminin, c’est d’être réceptif à une sagesse universelle et le côté masculin, c’est de prendre des pas. Il est temps d’arrêter, de créer les choses sans penser, sans être connectées à notre cœur pour faire vraiment une différence. C’est le côté féminin réceptif du monde qu’on a absolument de besoin », insiste Geneviève Cholette.

Finalement, tous ces thèmes sont partis « d’histoires rocambolesques » et d’anecdotes qu’ont vécues Les Chiclettes ensemble ou avec leurs familles. « Ce sont des choses qui nous sont arrivées en tant que femmes, en tant que mamans ou amoureuses. Nous partons de nous. Nous aimons rire de nous et c’est ce que les gens aiment voir sur scène. C’est plus facile de faire rire le public quand tu es capable de rire de toi-même », conclut Nathalie Nadon.

Photo : Les Chiclettes (Geneviève Cholette, Nathalie Nadon et Julie Kim) sur la scène du bar The Painted Lady