De courte mémoire de journaliste, il n’y a jamais eu autant d’hommes dans une activité organisée par Oasis Centre des femmes. Et pour cause : pour la première fois de son histoire, le centre a invité des panélistes « mâles » pour évoquer les différentes formes de violence faite aux femmes, et ce dans le cadre de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.

« Pendant longtemps, nous avons mené la bataille toutes seules. Intégrer des hommes dans nos débats et nos actions est une décision qu’on a mûrie. La raison est simple : nous avons toutes un conjoint, un frère ou un fils qu’il faut faire participer à cette lutte. Le problème vient des hommes, la solution devrait aussi venir des hommes. Il ne faut pas que la bataille soit celle du genre, il faut qu’elle soit collective, c’est ce qu’on a fini par réaliser », explique Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis.

Placé sous le thème « Sa lutte, ma lutte », l’évènement a eu lieu le 6 décembre dernier dans les locaux du Théâtre français de Toronto. Toutefois, si cette rencontre s’est déroulée sur les planches d’un théâtre, le fléau, lui, demeure bien réel. En effet, voici quelques statistiques internationales qui font froid dans le dos : une femme sur trois sera victime de violence au moins une fois dans son existence; chaque année, ce sont 87 000 femmes dans le monde qui sont intentionnellement tuées du simple fait qu’elles soient femmes, soit 10 femmes tuées par heure; 71 % des victimes de trafic humain sont des femmes et des filles dont la majorité sont destinées à l’exploitation sexuelle (source : Organisation mondiale de la Santé).

Quant au Canada, selon les responsables d’Oasis, il n’est pas en reste : une femme sur trois aura à subir dans sa vie de la violence de quelque nature que ce soit.

Le moins que l’on puisse écrire est que les panélistes avaient du pain sur la planche. Leurs interventions respectives se sont avérées complémentaires. Ammar Boulecane du Collège Boréal a mis l’accent sur l’importance de l’implication des hommes et leur engagement, alors que Rajiv Bissessur, conseiller financier, a exposé les obstacles persistants à l’égalité entre les sexes. De son côté, Alexandre Paulin, du Collège Boréal également, a rappelé l’histoire du rapport de pouvoir entre les deux genres tandis que le plus jeune des cinq panélistes, Dramane Koné, a donné son avis sur l’importance primordiale de la sensibilisation des hommes. Reste Junior Mandoko, maître en droit, qui s’est attaqué à l’épineux phénomène du viol et le traitement du sujet par les médias.

Bref, ce fut un sujet difficile mais libérateur à aborder. Et en guise de conclusion, un petit vers chipé au poème écrit avec le cœur et lu avec verve par Darline Remarais pour cette journée de réflexion : Le changement commencera par moi, je ne frapperai jamais une femme même avec des fleurs.

SOURCE: Soufiane Chakkouche

PHOTO – De gauche à droite : Dramane Koné, Rajiv Bissessur, Alexandre Paulin, Junior Mandoko, Ammar Boulecane.

Des hommes présents en force à l’événement.