Le 7 août dernier, Jean-François Casabonne Masonnave quittait ses fonctions de consul général de France à Toronto. Il était en poste depuis près de trois ans. Pour les pays, telle la France, où la diplomatie est affaire de carrière, il est d’usage d’opérer à temps régulier une certaine rotation des représentants à l’étranger. C’est Marc Trouyet qui, à la mi-août, lui a succédé. Diplomate depuis une quinzaine d’années, il entame un mandat de trois ans au cours duquel il aura compétence pour les provinces de l’Ontario et du Manitoba.
Outre son ambassade à Ottawa, la France est représentée au Canada par cinq consulats se répartissant le territoire du pays. Les consuls sont assistés dans leurs tâches par quelques consuls honoraires, un indispensable considérant les dimensions du Canada. Ainsi, deux représentants de la France sont attachés au consulat général de Toronto, l’un à Sudbury et l’autre à Winnipeg.
C’est au sein de ce réseau diplomatique étendu et multiforme que Marc Trouyet a pris poste. Âgé de 49 ans, en couple et père de trois enfants dont deux poursuivront leurs études à Toronto, M. Trouyet est diplômé en urbanisme et en sciences politiques. Après avoir exercé diverses responsabilités au sein du conseil municipal et départemental de Paris, il est entré de plain-pied dans le monde fascinant de la diplomatie. Celle-ci ne se réduit pas aux ambassades : M. Trouyet a ainsi assumé de nombreuses fonctions dans le domaine de la coopération internationale et du développement durable. Il a également travaillé pendant quatre ans à l’ambassade de France en Australie, un poste qui l’a familiarisé avec un régime politique similaire à celui du Canada.
Que la République française veuille entretenir des relations substantielles avec un pays tel le Canada, cela se comprend aisément. Mais dans quels buts des liens sont-ils noués avec les provinces, dont certaines plus que d’autres? « Pour nous, c’est de faire en sorte que l’Ontario soit un partenaire économique, culturel et technique à la hauteur de sa place dans l’économie du Canada », explique Marc Trouyet.
Les pays entretiennent des relations d’État à État par l’entremise de leurs ambassades en ce qui, pour l’essentiel, touche aux pouvoirs régaliens traditionnels. Mais comme les gouvernements s’investissent aujourd’hui dans une foule de domaines (économie, santé, éducation, etc.), leurs relations ont eu tendance à se diversifier dans la même mesure, et c’est à ce chapitre que les consulats s’avèrent particulièrement utiles.
De nombreuses responsabilités, touchant aux intérêts de la France, incombent aux gouvernements des provinces canadiennes. « Il y a des marges de progrès dans l’ensemble de nos coopérations qu’il nous faut exploiter », fait valoir le consul.
Ces avancées se réaliseront suivant les grandes lignes du plan d’action de l’ambassade, qui définit en bonne partie l’orientation des activités des consulats. Renforcer les liens économiques entre la France et le Canada et faciliter les échanges dans le domaine éducationnel constituent deux priorités de Paris. En ce qui touche le commerce, surtout en matière de technologie, d’innovation et de sociétés en démarrage, la France et l’Ontario partagent un intérêt commun.
Le travail d’un consul est limité par d’incontournables impératifs. Choisir judicieusement ses mots, maintenir une indéniable neutralité, composer avec toutes sortes de questions sensibles, etc., voilà autant d’occasion de se montrer diplomate, au sens propre comme au sens figuré.
« La réalité, c’est qu’on peut considérer que tout est politique, fait remarquer Marc Trouyet. Ce qui est clair, c’est qu’en tant que représentants d’un gouvernement étranger, nous avons un devoir de discrétion. »
Tout de même, le nouveau consul général à Toronto entend initier certains projets. La modernisation et le renforcement de la qualité des services du consulat est ainsi un des objectifs qu’il a en tête. Le consulat, après tout, a aussi pour fonction de remplir certaines obligations à l’endroit des Français présents en sol ontarien et manitobain et des Canadiens désireux de séjourner en France. Pour l’heure, M. Trouyet souhaite d’abord prêter une oreille attentive aux intervenants qu’il aura à rencontrer afin de mieux saisir la dynamique locale.
PhotoP: Le nouveau consul général de France Marc Trouyet