Mais qui a gagné la bataille du Saint-Laurent? La controverse court encore aujourd’hui quant à la performance de la marine canadienne à défendre ses arrières durant la Seconde Guerre mondiale.
C’est le capitaine de vaisseau Hugues Canuel, doctorant aux Études de la guerre au Collège militaire royal du Canada et invité de la Société d’histoire de Toronto qui revenait sur cette page de l’histoire canadienne lors d’une conférence à l’Alliance française.
Le capitaine rappelait que la bataille du Saint-Laurent est intégrée à la bataille de l’Atlantique et remettait en perspective les grandes dates de la Seconde Guerre mondiale.
Le Canada décide de se joindre aux alliés le 10 septembre 1939 et dès le mois de décembre 1939, le pays envoie une première division de volontaires en Grande-Bretagne.
Pourtant, le gouvernement canadien veut préserver ses hommes des tueries de la guerre et ne pas répéter les pertes (60 000 morts) que lui a coûtées la Première Guerre mondiale, rapporte le doctorant aux Études de la guerre. La question est donc : comment apporté une véritable contribution sans subir trop de pertes?
Le Canada se focalisera sur trois points pour apporter son effort de guerre durant 39-45. L’effort canadien se traduira tout d’abord par une participation économique. Le pays produit 800 000 véhicules de transports, 50 000 chars, 40 000 canons, 16 000 avions militaires durant le conflit.
Le Canada mettra également à disposition son espace aérien pour le plan d’entraînement aérien du Commonwealth et permettra la formation de 131 550 aviateurs, une profession stratégique durant la Seconde Guerre mondiale, rapporte Hugues Canuel.
Enfin, le Canada participera à la bataille de l’Atlantique offrant une escorte aux cargo commerciaux et militaires, du Canada jusqu’en Grande-Bretagne, île isolée face à l’Europe vaincue d’Adolph Hitler.
La Grande-Bretagne est un espace stratégique pour les alliés représentant la plateforme de soutien à l’Europe. Une plateforme que le Führer tente d’étrangler en envoyant ses sous-marins couler les navires internationaux depuis la Manche et la mer du Nord.
« Est-ce qu’on est prêt à s’engager dans cette bataille de l’Atlantique? Oui et non, explique le capitaine. Aux vues des tensions européennes, le Canada avait mis en place une stratégie avant le début de la guerre. »
Mais le pays manque d’effectifs et doit faire des choix. Il décide de concentrer l’effort de guerre près de la Grande-Bretagne en accompagnant les convois, laissant les bases canadiennes, Halifax et St. Johns, fragilisées.
C’est en mai 1942 que débute une campagne, pas vraiment planifiée par les Allemands, mais désastreuse pour le Canada qui verra une dizaine de sous-marins allemands s’infiltrer dans le golf du Saint-Laurent et couler des navires canadiens et américains. Entre 1942 et 1944, les Allemands supprimeront 23 navires et feront 357 morts. Des chiffres qui restent faibles aux vues des pertes humaines engendrées par la Seconde Guerre mondiale, mais qui marquent l’entrée d’un pays étranger ennemi dans les eaux canadiennes pour la première fois depuis 1812!