Pour la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin, Mado Lamotte, la plus célèbre de toutes les drag-queens du Québec, s’en vient secouer Toronto! Ça se passe à l’Alliance française, dans le cadre du festival de la Franco-Fierté et de Pride Toronto, et c’est gratuit. Retour sur les raisons d’un succès.

Ce qui frappe, lorsque l’on parle avec Luc Provost, c’est la distance abyssale qui existe entre son ton, calme, posé, réfléchi, analytique, et son personnage sur scène : Mado Lamotte. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Mado Lamotte, c’est la personnification de l’exubérance. C’est la reine du village gai de Montréal, qui possède depuis plusieurs années son propre cabaret qui ne désemplit pas, et qui produit les drag-queens québécoises de demain. Mais Mado Lamotte, c’est aussi la plus célèbre des « matantes » du Québec. Une « bitch », comme elle aime à se décrire, qui jase, qui glose, qui fait rire. Une « drag-clown », en somme.

Mais une « drag-clown » avec un succès monstre. Un succès qui dépasse, et de loin, le seul cadre culturel du monde LGBT. Les jeunes et les moins jeunes québécois vont la voir en masse. Demandez autour de vous, à vos amis montréalais. Tous la connaissent et l’apprécient. Comment expliquer ce succès? Mado répondrait en un haussement d’épaule dédaigneux et en sacrant comme un bûcheron qu’elle est la meilleure, et c’est tout. Mais Luc Provost a les idées un peu plus claires. 

« Je pense que mon humour est proche de l’humour de certains films d’Almodovar. L’esprit est plus proche que celui de Laurence Anyways. Moi, c’est du spectacle, de l’excentricité, de l’extravagance. » Mais derrière l’apparente frivolité, il y a une réelle recherche, et surtout, un travail acharné. « Mon humour est inspiré de celui, un peu bitch, que Michel Tremblay, a donné aux drag-queens qu’il a créées dans les années 70. » Il s’agit donc d’un travail de scène positif, épanoui et qui s’inscrit dans une tradition québécoise vivante. 

Pour la Franco-Fierté, la venue de Mado Lamotte est le symbole de son changement de stature. Cette année, pour sa cinquième édition, le festival francophone LGBT a réussi à attirer pour la première fois des grands noms. Rien de moins que Juliette Gréco, le 18 juin, et Mado Lamotte cette semaine. Ajoutez à cela un char pour le grand défilé du 28 juin – une grande première pour la communauté francophone, et vous avez un festival qui grandit de manière impressionnante.

Photo: Mado Lamotte, personnage de Luc Provost