Pendant trois semaines, alors que la controverse battait son plein au sujet de La Passerelle-I.D.É. et de Charité Léo, Léonie Tchatat s’est murée dans le silence, répondant aux accusations et critiques des uns et des autres par l’entremise d’un avocat. Or, le vendredi 19 avril, la fondatrice et âme dirigeante de ces deux organismes a accordé une longue entrevue à la radio de Radio-Canada pour donner sa version des faits.

L’animatrice Marjorie April l’a questionnée sur les allégations concernant ces deux organismes de même que sur l’affaire des billets de Kids Up Front. Concernant l’usage de ces billets de spectacles et d’évènements sportifs, Léonie Tchatat a réitéré qu’il ne s’agissait que d’un simple malentendu et que Kids Up Front était au courant de la remise de certains billets non utilisés aux employés de La Passerelle-I.D.É.

Le programme Sans visage a aussi alimenté les échanges entre l’animatrice et la directrice générale. Cette dernière a nié catégoriquement ce qu’avance le Toronto Star et a imputé à d’anciennes employées la source de ces allégations, formulées pour ternir délibérément la réputation de l’organisme. Mme Tchatat soutient que Sécurité publique Canada connaissait l’intention de La Passerelle-I.D.É. d’élargir la définition de la prostitution pour y inclure des pratiques dites « informelles ». Quant aux professionnelles et femmes d’affaires qui se sont plaintes d’avoir été associées sans le savoir à un programme portant sur la lutte à la prostitution, la directrice générale a avancé qu’elles avaient été approchées dans le but d’en faire des mentors pour les femmes en situation précaire.

Pour ce qui est de Charité Léo, dont tous les fonds ont été consacrés entièrement aux frais administratifs, Mme Tchatat n’a pas écarté la possibilité que des erreurs de comptabilité aient pu se produire pour expliquer cette anomalie. Elle a également révélé que Charité Léo servait à financer les activités de La Passerelle-I.D.É. et que, contrairement aux apparences, des dons ont été faits pour aider des enfants de Madagascar et des projets caritatifs ont commencé à prendre forme au Cameroun. Quant au fait que sa nièce soit présidente de Charité Léo et qu’elle résidait, pendant au moins une partie de son mandat, à la même adresse que Léonie Tchatat, cette dernière a rappelé qu’il n’y a rien là d’illégal, le conflit d’intérêt n’étant dans le cas présent qu’une perception.

À quelques reprises au cours de l’entrevue, Mme Tchatat a aussi exprimé sa déception et sa frustration face à la communauté francophone qui, selon elle, l’a abandonnée sans lui donner le bénéfice du doute. Elle s’est dite aussi victime de racisme et de sexisme et a fustigé le travail de Kevin Donovan, journaliste au Toronto Star, par qui le scandale est arrivé.

Ces controverses ont fait des vagues partout en Ontario. Ainsi, le 15 avril dernier, la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario (CNFO) a, par voie de communiqué, exprimé sa préoccupation quant à l’impact qu’aura cette controverse sur les services aux immigrants jusque-là offerts par La Passerelle-I.D.É. La CNFO a appelé la population et tous les acteurs impliqués dans le dossier à faire preuve de rigueur pour dénouer la crise.

Le 23 avril, Léonie Tchatat a fait circuler un communiqué qui reprend, en gros, ce qu’elle a affirmé à Radio-Canada et invite par la même occasion quiconque à la contacter pour plus de renseignements.