Richard Caumartin

Pour commémorer le jour du Souvenir, la Société d’histoire de Toronto a organisé récemment une visite guidée au cimetière St. James sous le thème Histoires de guerres, histoires de soldats. Le guide et historien passionné Gilles Huot et un groupe de participants, dont faisait partie la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont, se sont rendus dans l’un des plus beaux cimetières de Toronto : le cimetière St. James dans le quartier de Cabbagetown au centre-ville.

Toujours en activité, il relève aujourd’hui de la cathédrale St. James. Fondé en 1844, le site abrite de nombreuses sépultures et cénotaphes de jeunes soldats ainsi que d’autres figures marquantes de l’époque de la Confédération. Un lieu fascinant pour quiconque s’intéresse à l’histoire.

Parmi les pierres tombales figure celle de Hampden Zane Churchill Cockburn, un avocat natif de Toronto (1867) qui, durant la guerre d’Afrique du Sud, a servi son pays dans l’infanterie du Royal Canadian Dragoons.

Le 7 novembre 1900, à Liliefontein, près de la rivière Komati, un nombre important de commandos de Boers cherchaient à encercler une colonne britannique en retraite dont l’arrière-garde était constituée de deux formations du Royal Canadian Dragoons et de deux canons de 12 livres appartenant à la batterie « D » de la Royal Canadian Field Artillery.

Le commando diminué des Dragoons du lieutenant Cockburn s’est battu désespérément contre 200 Boers qui voulaient capturer les deux canons. Mais le courage de ces hommes, tous blessés, a permis de sauver les mitrailleuses. Le lieutenant Cockburn a reçu la Croix de Victoria, l’une des trois accordées pour des faits d’armes distincts lors de cette action militaire.

Ce n’est qu’une des histoires palpitantes qui est ensevelie sur ce site. « À la SHT, nous essayons d’avoir une visite liée au jour du Souvenir en novembre, explique Gilles Huot. Étant un des plus vieux cimetières de Toronto, et anglican à cette époque, l’élite militaire y était enterrée. On parle ici de 180 sépultures militaires en tout. »

Le groupe y a fait une douzaine d’arrêts et le guide francophone a expliqué que, lors de la Deuxième Guerre mondiale, les soldats qui mouraient au front étaient enterrés là où ils étaient tombés. Donc, la majorité des militaires enterrés à St. James ont survécu la guerre. Sauf le capitaine William Arthur Peel Durie.

« Le capitaine Durie est mort en décembre 1917, en France, au cours de la Première Guerre mondiale, raconte Gilles Huot. Sa mère Anna ne voulait pas laisser son corps en Europe alors, en 1921, elle a embauché des gens du village où son fils était inhumé pour déterrer le corps afin de le ramener au Canada. Cependant, les hommes n’ont pas pu finir le travail. En 1925, elle a réussi à récupérer sa dépouille pour la ramener à Toronto et l’enterrer avec tous les honneurs au cimetière St. James.

« Ce lieu est un véritable livre ouvert sur l’histoire de la ville. Il abrite les récits de plusieurs siècles, depuis les premiers colons et figures politiques jusqu’aux soldats, artistes et citoyens qui ont contribué à façonner l’identité de Toronto. La visite guidée du cimetière fut un véritable moment de mémoire partagée.

« À travers les récits des lieux et des vétérans canadiens qui y reposent, la visite nous a permis de mieux comprendre l’histoire qui nous lie. Cette promenade entre les monuments nous a rappelé combien il est essentiel de préserver et transmettre ces histoires pour ne pas perdre le fil de notre passé collectif. Un grand merci aux guides et aux organisateurs de La Société d’histoire de Toronto, dont l’expertise a su redonner vie à ces fragments d’histoire avec justesse et profondeur », a commenté la lieutenante-gouverneure de l’Ontario à la suite de cette visite sous la neige.

Photo (Crédit : Bureau de la lieutenante-gouverneure) : Les visiteurs écoutent le guide Gilles Huot.