Les Ontariens aiment bien la bière, et surtout de la bière fabriquée dans l’une des 270 microbrasseries locales de la province. Mais qu’en est-il des déchets disons, compostables, que produit le processus de fabrication de cette boisson. Après la production, il reste du houblon, de la levure et des drêches – une sorte de gruau qui se ramasse au fond à la suite du trempage.

« On extrait le sucre, la couleur et la saveur de toutes sortes de grains pour faire la bière », explique Mario Bourgeois, propriétaire de la microbrasserie Cassel à Casselman, dans l’Est ontarien. La Stout utilise des grains foncés tandis que pour une bière blonde, ce seront plutôt des grains pâles.

Chaque mélange contient une différente valeur nutritive avec divers taux de sucre. Un vrai projet de chimie. La bière trempe pendant un certain temps, dépendant de la température, puis le liquide est retiré pour être bouilli, refroidi et fermenté. « Ce qui reste, c’est une sorte de pulpe, du grain humide, qui a une valeur nutritionnelle assez importante », souligne-t-il. Chez Cassel, les drêches sont expédiées aux fermes environnantes pour nourrir le bétail.

Mais attention, s’il fait trop chaud, la fermentation peut tout de suite commencer. Cette matière organique ne se conserve que trois jours au frais; après, elle n’est plus bonne pour la consommation. Les fermiers doivent donc récolter les restes rapidement s’ils veulent s’en servir.

« Tous les mélanges de grains font l’affaire des fermiers. Il n’y a pas de souci pour les animaux pourvu que ce ne soit pas fermenté sinon ça leur donne des gaz, raconte-t-il.

« On peut aussi utiliser les drêches pour faire du pain ou des friandises pour chien », affirme le propriétaire. Il s’était tenté à faire des friandises pour chien mais cela prenait trop de temps. « J’en faisais avec un mélange d’œufs, de beurre d’arachides et de blé; ils en raffolaient. Mais je n’avais pas l’équipement nécessaire pour faire une production assez intéressante afin d’avoir un revenu soutenu », partage-t-il. Ça reste un investissement de temps et d’argent qu’il n’a pas voulu ajouter à celui de la microbrasserie.

Pourtant, la drêche est une matière première qui coûte moins cher que la farine, en plus d’être plus protéinée. Pour les intéressés, c’est peut-être une bonne piste.

Sur le marché, en plus des pains, on trouve certains produits de beauté pour cheveux et barbe, surtout commercialisés pour les hommes. « Le houblon, lui, peut servir de repas pour le bétail, mais pas pour les chiens, c’est poison. Et la levure est renvoyée dans le système d’eaux usées de la ville », conclut M. Bourgeois.

PHOTO (crédit: File:Drecheorge.jpg – Wikimedia Commons) – De la drêche d’orge