Le mariage du métal et du dessin a illuminé l’Alliance française de Toronto le mercredi 14 octobre. En effet, le vernissage de l’exposition Construction, déconstruction, le présent suspendu en présence des artistes Philippe Pallafray et Anne-Yvonne Jouan a réuni une vingtaine d’amateurs d’art au moyen d’œuvres originales.

C’est accueillis par une statue en acier surmonté d’une tête d’orignal que les visiteurs sont entrés dans la galerie réservée à cet effet. Adepte de géométrie, M. Pallafray assemble des morceaux d’acier industriel qu’il a préalablement préparés afin de réaliser ses pièces. Représentant des corps auxquels il manque une partie, tel un bras, il souhaite symboliser le manque, les blessures de l’être. Ode à la création ainsi qu’à sa fragilité, l’artiste souhaite par la même occasion évoquer le pont de l’Île d’Orléans, de sa réalisation à sa dégradation progressive. Quel serait l’impact de la disparition complète de ce pont sur la population? Telle est la question posée à l’occasion de cette exposition. Inspirés de l’origami, ses pliages opposent la résistance du métal à la fragilité du papier.

Sa compagne Anne-Yvonne Jouan se focalise plus sur le papier et le crayon graphite. Ne laissant dans ses dessins que des repères abstraits permettant de deviner de quoi il est question, elle joue avec les formes et les angles pour offrir des œuvres épurées où le vide prend tout son sens. Elle souhaite faire du spectateur l’architecte de cet environnement, l’inciter à bâtir la meilleure liaison possible entre l’Île d’Orléans et la rive nord de Québec. Partie de France en 2006 pour immigrer au Canada, elle suit des cours à l’Academy of Realist Art de Toronto après un passage à l’École du Louvre de Paris, où elle a étudié l’Histoire de l’art pendant trois ans.

Véritable symbole de l’identité de la région, le pont de l’île d’Orléans fut bâti en 1935 par Louis-Alexandre Taschereau. Auparavant, la traversée se faisait en bateau ou à l’aide des ponts de glace lorsque les températures hivernales le permettaient. Relique d’un passé glorieux, de nombreux résidents de l’île y sont très attachés et ne peuvent que constater le côté éphémère d’un tel ouvrage, malgré sa taille impressionnante.

L’exposition Construction, déconstruction, le présent suspendu se poursuit jusqu’au 14 novembre à l’Alliance française de Toronto.

 

Photo:  L’artiste Philippe Pallafray