La Collection d’art canadien McMichael accueille une installation en plein air réalisée par le Torontois Thom Sokoloski. Intitulée Couleur de la rivière qui coule à travers nous, elle interroge le public sur sa relation avec l’eau. C’est ainsi devant la rivière Humber que se dressent fièrement les travaux de l’artiste, comme un hommage à la nature elle-même. Le thème des Jeux panaméricains a également largement influencé le choix du sujet de M. Sokoloski.

« On m’a demandé de faire quelque chose basé sur le thème de l’eau, explique-t-il. Ce sont 13 sculptures sur trépied. L’exposition est plus ou moins dédiée aux canots, inspirés par des modèles d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Ils sont utilisés par des tribus qui n’ont vraiment rien, quand il leur faut traverser la rivière. Ce sont des choses simples, très simples, qui créent du besoin. »

Avec des dimensions de 3 m sur 5 m, les œuvres imposantes comprennent des haïkus, c’est-à-dire des inscriptions poétiques, originaires du Japon. « Sur l’une des pièces, il y a un haïku, sur une autre, les haïkus pendent, ajoute M. Sokoloski. Les visiteurs peuvent même en écrire un. » Il s’agit ici de trois lignes de 17 signes, qui permettent de partager son expérience de l’art et de s’exprimer sur le sujet. « C’est vraiment très important, confirme-t-il. Je voudrais que les gens s’engagent, plongent dans la pièce plutôt que de simplement l’observer. » 

En perpétuel changement, cette installation devrait au fil des semaines évoluer et offrir des émotions différentes aux intéressés, au gré des éléments et des apports extérieurs. La méditation est par ailleurs vivement encouragée pour parvenir à retrouver le lien profond de chacun avec la rivière.

Inspiré par le 400e anniversaire de la présence francophone en Ontario, le créateur s’explique sur ses choix : « Souvent, quand on fait un canot, c’est un environnement où il n’y a rien. Juste de l’eau, le ciel et le soleil. Quand Champlain est venu, quelle a été son impression? Il y a 400 ans, ça devait donner envie de vouloir y rester toute sa vie. Je propose une expérience d’art visuel qui reflète la cérémonie de Champlain, soit religieuse, soit celle des tribus. »

Pour sa première fois au musée McMichael, il reste en résidence et aime se promener tard le soir pour respirer l’art ontarien. Étant à l’origine un professionnel du théâtre et de la danse ayant étudié à Paris et New York, il forme sa propre compagnie et tourne dans de nombreux festivals en Europe et au Canada. Suite à un malaise avec plusieurs acteurs du milieu, il décide d’arrêter ses premières amours afin de retrouver une certaine liberté qu’il estimait perdue. 

« On m’a alors proposé de créer quelque chose dans le domaine de l’art visuel et j’ai exposé pour la première fois à la Nuit blanche de Toronto en 2006 avant d’aller à New York et Ottawa », affirme-t-il. Une passion qui ne l’a plus quitté et au service de laquelle il a pu mettre à contribution ses expériences passées : « L’âme d’une pièce est assez similaire, il y a des comédiens, un espace et le public. C’est ça que je porte ».

S’étant pris d’affection avec la photographie il y a un an, il envisage de présenter une exposition de photos probablement aux horizons 2016 avec pour sujet des masques et la prison de Guantanamo.

L’exposition Couleur de la rivière qui coule à travers nous est présentée jusqu’au 16 août à Kleinburg et permettra aux intéressés de découvrir leur rapport personnel avec l’eau et de ressusciter leurs expériences passées en compagnie du précieux liquide.