Le Métropolitain

Voir le Canada en peinture

 

La Collection McMichael d’art canadien à Kleinburg, présente jusqu’au 6 janvier des œuvres de Tom Thomson, peintre mondialement réputé. L’exposition s’intitule 

Le Canada en peinture. Tom Thomson et le Groupe des Sept. Après avoir fait le tour de l’Europe, Le Canada en peinture revient enfin sur ses terres.

La Collection McMichael est un magnifique écrin pour une telle exposition. Le cadre tout d’abord. Situé dans un parc naturel, l’édifice, fait de pierres et de rondins de bois, est en totale osmose avec la forêt de pins environnante. Plusieurs sentiers pédestres constellés de sculptures et d’installations artistiques diverses réunissent enfin nature et culture. Ces terrains boisés et la fraîcheur de l’automne rappellent ces paysages qui ont tant inspiré Tom Thomson.

À l’intérieur, les plus beaux extérieurs canadiens se retrouvent accrochés aux murs. Non pas seulement l’Ontario du nord au sud mais aussi les Rocheuses, le lac Supérieur et tous les lieux vibrants de nature peints par le célèbre Groupe des Sept, formé en 1919, soit deux ans après la mort mystérieuse de Tom Thomson. Souvent considéré à tort comme membre du Groupe des Sept, il a largement influencé leur style et leur théma-tique.

Qualifié de postimpressioniste voire expressionniste à tendance romantique, le peintre canadien est en définitive un autodidacte qui a commencé à peindre sérieusement dans la trentaine. Le « Van Gogh canadien », comme aiment l’appeler les amateurs d’art, utilisait des couleurs vives appliquées à gros traits épais pour représenter une tempête en Baie géorgienne, l’Algonquin, une rivière au printemps, un arbre stylisé, etc.

La diversité de l’exposition montre l’évolution de son travail durant les six années pendant lesquelles il a produit ses œuvres. 

The Jack Pine est composé de couleurs peu naturelles voire arbitraires et des lignes esthétiques assez subjectives qui rappellent le style des estampes japonaises. Le sentier derrière Mowat

, peint l’année de sa mort en 1917, est une des toiles les plus impressionnantes de la galerie avec ses couleurs éclatantes et fraîches, ses tons rouille et bleus, un trait de neige, un ruisseau qui émerge. On pourrait presque entendre la neige qui fond, un matin de printemps.

Le peintre a su sublimer la nature. C’est peut-être pour cette raison que le Canada célèbre cet artiste qui a su transformer l’impact de la nature sur les émotions humaines en impact graphique. Les œuvres sentent les sous-bois et la feuille d’automne. Une telle impression romantique a été rendue possible grâce à une astuce technique.

Victoria Dickinson explique que le Tom Thomson peignait en pleine nature—l’invention du tube de peinture a donné aux peintres une liberté de mouvement hors des ateliers— des croquis tout d’abord sur des panneaux de 21 x 27 cm, qu’il glissait pour le séchage et le transport dans sa boîte d’artiste. Il peignait ainsi, assis sur un rocher surplombant une rivière, avec sur les genoux, sa boîte qui lui servait de chevalet, de palette et de rangement. Ce sont ces croquis peints qui figurent aux côtés des grandes œuvres dans les couloirs de la galerie et qui donnent un caractère particulier à cette exposition. La Collection McMichael montre ainsi non seulement les œuvres mais également tout le labeur et le contexte qui les entourent.

Pour celui qui écrivait que s’il « pouvait obtenir 10 $ ou 15 $ pour un croquis », il serait heureux mais s’accommoderait de moins aussi, certaines de ses œuvres, aujourd’hui, valent plus de deux millions de dollars. 

Le Canada en peinture. Tom Thomson et le Groupe des Sept, du 3 novembre au 6 janvier 2013 à la Collection McMichael d’art canadien située au 10 365 avenue Islington. 

Photo : Victoria Dickenson devant le tableau Le pin de Tom Thomson

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