De très nombreuses voitures diplomatiques de la délégation française faisaient le tour du rond-point de l’Université de Toronto, le 14 mars dernier vers 16 h. Un étudiant demande la raison de ce vacarme. « Il s’agit du premier ministre français ». Moue étonnée de l’étudiant : « Nicolas Sarkozy? »
Le premier ministre de la République française, Jean-Marc Ayrault, n’est pas aussi connu au Canada que l’ancien président Nicolas Sarkozy, battu au mois de mai dernier par le socialiste François Hollande. Pourtant, sa visite au Canada (Ottawa, Toronto, Montréal et Québec), et en particulier dans la Ville reine, est un évènement, quand on pense que les visites officielles françaises au pays ont tendance à se concentrer sur Ottawa et le Québec.
M. Ayrault, professeur d’allemand de formation, n’a pas fait la prestigieuse École Normale de l’Administration qui forge l’élite de la nation et le plus gros contingent de sa classe politique. Il a gravi tous les échelons un par un, se faisant d’abord élire dans une petite ville, puis une plus grande, Nantes, avant d’être député puis président du groupe socialiste à l’Assemblée. En juin dernier, François Hollande le nomme premier ministre.
Après une journée à Ottawa, la visite de M. Ayrault s’est poursuivie à Toronto. Un discours sur les relations franco-canadiennes à l’Imperial Club, suivi d’une rencontre avec la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, à Queen’s Park, puis la visite d’un laboratoire à l’Université de Toronto et une rencontre avec des étudiants et des chercheurs français.
À 15 heures précises, la délégation du premier ministre arrive, sirènes hurlantes devant le bâtiment de l’Assemblée législative, gravit les marches au pas de course jusqu’au deuxième étage où des drapeaux canadien, européen, français et ontarien sont disposés. Mme Wynne sort de son bureau pour l’accueillir chaleureusement, devant les photographes et les caméras. La réunion se fera à huis clos.
M. Ayrault est venu accompagné de plusieurs ministres au Canada : Delphine Batho (Environnement), Valérie Fourneyron (Jeunesse et Sports), Benoît Hamon (Économie sociale et solidaire) et Yamina Benguigui (Francophonie).
Au menu : des discussions, un nouvel accord sur la mobilité des jeunes Français au Canada, et des jeunes Canadiens en France, qui sera facilitée. Un accord allant dans ce sens a d’ailleurs été signé par l’ambassadeur Philippe Zeller et l’Université de Toronto.
Le premier ministre Ayrault a fait mention à plusieurs reprises de la présence du fait français et de la langue française en Ontario, et plus précisément dans la capitale. « La langue française n’est pas dominante, mais elle n’est pas absente ici à Toronto (…) C’est une erreur de croire que le français n’est présent qu’au Québec. »
D’ailleurs, parmi les chercheurs rencontrés par le premier ministre se trouvait un historien spécialiste de la langue française, en particulier en Ontario, Paul Cohen, qui a expliqué les tenants et les aboutissants de ses recherches. Jean-Marc Ayrault a terminé la rencontre en allant à la rencontre d’étudiants français de l’Université de Toronto, qui représentent 10 % des étudiants étrangers de l’université. Parmi eux, Jean Sévalle, post-doctorant en biologie de haut niveau raconte : « Il m’a demandé ce que je faisais, il était très intéressé et m’a demandé si je comptais rentrer en France mettre mon expérience au service de la nation. »
Après son étape torontoise, la délégation française s’est rendue à Montréal en soirée, puis s’est terminée à Québec, le lendemain, où une rencontre avec la première ministre Pauline Marois était prévue.
Photo : La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, et Jean-Marc Ayrault