Le Métropolitain

Visite des mausolées au cimetière Mount Pleasant

Est-il possible de se faire une place au soleil, même après la mort? Oui, selon toute vraisemblance, surtout lorsqu’on constate que certains de nos concitoyens se sont taillé une place aux toutes premières loges du cimetière Mount Pleasant lorsqu’ils sont passés de vie à trépas.

Une brochure de la fin du XIXe siècle indiquait qu’aucune visite de la capitale ontarienne ne serait complète sans un détour au cimetière Mount Pleasant. La Société d’histoire de Toronto prit ce conseil à cœur puisqu’elle organisait une sortie guidée au fameux cimetière le dimanche 20 octobre, la deuxième en l’espace d’un an. Cette fois, ce furent les mausolées et autres monuments funéraires de grande envergure sur lesquels s’attachèrent les guides Rolande Smith et Marianne Belloir.

Que ne ferait-on pas pour que deux fils morts trop jeunes, une épouse tendrement aimée ou un patriarche tant vénéré puissent accéder au repos éternel? Les plus grandes familles que compte la Ville reine n’hésitèrent pas à ériger le plus beau des monuments pour leurs défunts, inhumant au sein du même mausolée plusieurs êtres chers.

Les grandes familles torontoises ne se contentèrent pas de simples stèles ou plaques à même le gazon. Ils optèrent pour un véritable bâtiment, souvent de style néogothique avec colonnes, dômes, pilastres et mosaïques. Le dernier cri dans la mode des mausolées semble même se porter sur l’installation d’un velux, permettant ainsi de laisser entrer la lumière naturelle dans la sépulture. À l’instar du marché immobilier, la place qu’occupe le monument funéraire a son importance. Pour accéder au sommet de la hiérarchie, il convient de choisir un endroit sur une hauteur ou bien dans une pointe de terrain à l’intersection de deux allées ou encore le long d’une vallée encaissée. Là, le panorama est imprenable et on est assuré d’être vu!

Chacun y mettra un peu de soi-même en insérant des symboles qui reflètent ses origines. Ici et là, une croix celtique, des symboles maçonniques ou encore un objet très cher au défunt viennent agrémenter le monument. Une véritable symbolique s’est même instaurée au cours des âges. Un ange porte l’âme au paradis et une branche d’olivier indique que la personne repose dans la paix et la sécurité dans l’au-delà. Une colonne entière indique que la personne a vécu sa vie alors qu’une colonne brisée marque qu’elle est morte jeune. Au coin de deux allées, une statue équestre d’Alexandre le Grand trônant au sommet d’un des ces monuments funéraires trahit les origines macédoniennes de la personne qui git là.

Au-delà de leur intérêt architectural, ces monuments révèlent également des précieux renseignements sur l’époque. Les disparitions avant l’âge coïncident avec les diverses épidémies qui ravagèrent notre ville telles que la tuberculose, la diphtérie ou la variole. La maladie frappait malheureusement toutes les familles, peu importe leur statut social. D’autres marquent les pertes de jeunes garçons au front durant les deux guerres mondiales.

« Je constate une résurgence dans la construction de mausolées au cours des dix dernières années », affirme Rolande Smith, présidente de la Société d’histoire de Toronto et fréquente promeneuse au cimetière Mount Pleasant.

Comment peut-on expliquer ce regain d’intérêt pour les mausolées? Une question que seuls les défunts et leurs familles sont en droit de répondre. En attendant, les superbes mausolées du cimetière Mount Pleasant constituent une magnifique balade en plein cœur de la ville.

Pour plus de renseignements sur les visites guidées de la Société d’histoire de Toronto : www.sht.ca. 

Photo : Le groupe devant un mausolée

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