Le Métropolitain

Violence faite aux femmes : une situation alarmante

Vingt-cinq ans après le massacre de la Polytechnique de Montréal où 14 jeunes femmes ont perdu la vie, le combat contre la violence faite aux femmes n’est pas fini. C’est bien le cri de désespoir qui est ressorti de la commémoration de la journée nationale d’action contre la violence faite aux femmes organisée par Oasis Centre des femmes le vendredi 4 décembre à Toronto. 

Pour cette journée de commémoration, différents intervenants étaient invités à expliquer leurs fonctions, les services qu’ils proposent et faire un bilan de la situation actuelle. Parmi eux, Odette Doumbé du Centre Oasis, Jeanne Françoise Moué, directrice de la Maison, Laurice Gomis, Edouard Cirha, représentant du Service d’aide à l’enfance, Roslyn Shafir, médecin, l’avocate Julie Lassonde et Ghislaine Sirois. 

La violence peut-être d’ordre sexuel, physique, psychologique ou verbal, et la violence n’a pas de lieu : elle est parfois commise au sein du mariage, entre des membres d’une famille ou même au travail. La question phare de cette journée de commémoration était de savoir comment sensibiliser la communauté 25 ans après le drame de Montréal. En effet, l’on note un certain recul par rapport aux avancées des droits de la femme, du fait de leur vulnérabilité face au coût du logement, de leur accès à la justice et face à la violence. 

La journée a commencé par la lecture d’une étude de cas à la fois bouleversante et abominable qui traite du désespoir d’une mère immigrante lorsqu’elle constate que son compagnon agresse sexuellement leur jeune enfant. Une étude de cas révoltante, car l’agresseur a obtenu la garde de l’enfant en justice contre la mère qui, désespérée et dans la panique, n’a pas su où aller et à qui parler de sa situation avant de prendre des décisions. Cette histoire n’est pas un cas isolé. Elles sont nombreuses à souffrir en silence, à ne pas savoir à quelle porte frapper et à se trouver coincer dans des situations traumatisantes. 

L’avocate Julie Lassonde entame la discussion en expliquant son travail dans ce type de situation et, qu’avant de contacter un avocat dans la panique, mieux vaut se diriger vers des organismes comme Oasis qui orientent les femmes vers un service juridique en fonction de leur situation. 

Pour sa part, Edouard Cirha montre que bien souvent l’abus émotionnel est responsable du désarroi des mères qui ne savent pas où aller et qui ont peur de rapporter les agressions. Il explique que le Service d’aide à l’enfance dispose d’une équipe d’intervention disponible 24/24 et intervient pour faire des examens médicaux chez la personne concernée. 

Puis, c’est au tour de Jeanne Françoise Moué qui lance un cri d’alarme, en accusant les manquements du système actuel par rapport aux services de police, d’avocats et d’accès à la justice. « Ce qui me vient à l’esprit en lisant cette histoire, c’est la collaboration », constate-t-elle. En effet, elle évoque par rapport à l’étude de cas, « un système de justice où des droits ont été bafoués au détriment de la sécurité ». 

Laurice Gomis travaille à Oasis depuis longtemps et pointe du doigt le problème de sensibilisation et du manque d’éducation des médecins, des autorités et des avocats à ce sujet. Après l’étude de cas, elle constate : « il y a tant de violence contre les femmes. Nous ne sommes pas bien dans cette société ». Enfin, Dre Roslyn Shafir explique qu’en tant que médecin, si elle remarque une anomalie lors d’un examen médical, elle a le devoir de dénoncer et de rapporter cette anomalie au Service d’aide à l’enfance.

Le cri de désespoir lancé par ces associations concerne les besoins de collaboration entre les différents organismes, le soutien aux femmes, l’importance des services en français pour éviter la discrimination et le manque de financement de ces organismes pour répondre à toutes les demandes.

La discussion s’est achevée sur une marche jusqu’au parc Allan Gardens où 14 roses avec des messages ont été déposées près de lampions et qui rappellent les 14 étudiantes assassinées à Montréal, le 6 décembre 1989. Après quelques mots de la présidente d’Oasis, Dada Gasirabo, et une minute de silence, les femmes ont porté le bouquet à la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

Photo : Vingt-cinq ans après la tuerie à la Polytechnique de Montréal, la commémoration organisée par Oasis Centre des femmes n’a rien perdu de son intensité.

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