Le Métropolitain

Une université francophone en Ontario pourrait être réalité dès 2018

Une conférence de presse a été tenue le mardi 10 février, à Queen’s Park, pour demander à Kathleen Wynne de s’engager à créer une université franco-ontarienne pour septembre 2018.

Les porte-parole d’associations étudiantes avaient un peu le trac. Il faut dire que le studio de presse de l’Assemblée législative de l’Ontario, à Queen’s Park, peut s’avérer particulièrement intimidant. Surtout quand on n’a pas l’habitude. Il s’agit d’un studio de télévision, avec toute sa cohorte de caméras imposantes. Et puis, une dizaine de journalistes, stylo et carnet en main. 

Mais elles se sont très bien débrouillées, bien chaperonnées, il est vrai, par Denis Vaillancourt, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), plus habitué à ce genre d’atmosphère et d’exercice. Les représentantes du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) étudient aux niveaux collégial, secondaire ou universitaire. En ce matin froid et ensoleillé de février, elles viennent présenter une demande que leurs organismes font à la première ministre de l’Ontario : s’engager à créer une université uniquement francophone dans le centre-sud-ouest (la région de Toronto) de la province. 

Cette conférence de presse vient couronner une période de consultation de la communauté. Il en ressort une série de mesures préconisées à la première ministre, notamment la mise en place d’un conseil des gouverneurs transitoire chargé d’assurer le démarrage de l’institution d’ici 2018.

Ce conseil aurait pour mission de commander une étude sur les scénarios d’implantation, d’obtenir des financements, de proposer une charte universitaire et de nommer un sénat académique pour constituer les premiers programmes et facultés en vue de la rentrée scolaire de septembre 2018.

Les représentantes des deux organismes, ainsi que leur « collègue » du jour, M. Vaillancourt, ont des arguments à faire valoir. Ce dernier a rappelé toutes les grandes dates de l’éducation en français, et notamment la création des conseils scolaires francophones, présentant cette université comme une « suite logique ».

Pourtant, le projet suscite quelques réserves, notamment de la part des universités bilingues. Le recteur de l’Université d’Ottawa, Allan Rock, a proposé l’été dernier d’ouvrir un campus satellite de l’Université d’Ottawa à Woodstock, à mi-chemin entre Hamilton et London. Une solution qui privilégierait la création de nouveaux programmes plutôt que d’une nouvelle structure. Tant le Collège universitaire Glendon que l’Université Laurentienne a pris des positions allant dans ce sens. Pour sa part, la ministre déléguée aux Affaires francophones et Procureure générale de l’Ontario, Madeleine Meilleur, n’a pas fermé la porte à une université francophone, mais elle estime que l’échéance de 2018 est trop courte. Une solution que rejettent en bloc le RÉFO et la FESFO, soutenus par l’AFO, pour qui le bilinguisme mène à l’assimilation et à l’appauvrissement culturel. 

 

En soutien de leur demande, ces jeunes militants ont un argument imparable. Au Québec, la minorité anglophone est aussi nombreuse que la minorité francophone en Ontario. Et au Québec, il existe trois universités anglophones, dont les prestigieuses McGill et Concordia, très généreusement financées par le gouvernement provincial québécois. 

Photo: De gauche à droite : Caroline Gélineault (RÉFO), Denis Vaillancourt (AFO), Marie-Ève Chartrand (FESFO) et Geneviève Latour (RÉFO)

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