Le Métropolitain

Une performance touchante de Julie Lassonde au Musée Gardiner

Julie Lassonde est une jeune femme étonnante. Les féministes la connaissent comme une militante infatigable de la cause de l’égalité des droits entre les sexes. Les francophones la connaissent pour ses engagements nombreux dans la communauté francophone. Les LGBT la voient comme une alliée. Et les juristes la reconnaissent comme une avocate douée et travailleuse. En plus de ces nombreuses casquettes, le nom de Julie Lassonde se fait de plus en plus connaître comme celui d’une artiste intéressante.

Coïncidence ou pas, c’est le 8 mars dernier, Journée internationale du droit des femmes, que Julie Lassonde s’est produite au Musée Gardiner, connu pour exposer régulièrement des dizaines de potiches.

Son travail artistique joue sur l’hypersensibilité de souvenirs vivaces. Sur le partage avec un public, et sur la danse, le mime de l’âme. Julie enregistre à l’avance un récit qui résonne dans les espaces qu’elle choisit. Sur cette bande-son, elle greffe sa performance. Il s’agit donc d’une création artistique sur trois niveaux : l’écriture, la lecture et la performance de danse, ou de mime.

Cette dernière est improvisée, même si les mouvements sont travaillés d’avance. Au cœur du cercle formé par les spectateurs, Julie bouge, le visage grave, rougit par l’effort, au fur et à mesure que la performance se déroule.

L’histoire qu’elle raconte est une de violence faite à une femme. Elle est écrite à la première personne. L’humiliation, la peur, le basculement vers la violence. Mais aussi la force de fuir et la force de se raconter. Devant des spectateurs étonnés par ce petit bout de femme qui manipule un morceau de papier kraft marronnasse.

Un bout de papier qui semble étrangement prendre vie, et dont la fragilité est exacerbée par les mouvements de l’artiste. Julie bouge, la voix de Julie résonne dans le musée, le morceau de papier bouge, devient un appendice du corps fluet de l’artiste. Le public se laisse prendre et bercer par sa voix lente et grave. L’émotion monte, redescend. Le temps passe à une vitesse folle. C’est déjà la fin de la performance. Julie Lassonde sort du cercle. Par le même chemin qu’elle avait emprunté pour y entrer. Elle a laissé le morceau de papier kraft qui git, sans vie, au centre du cercle. C’est l’heure des questions du public. Pas une seule de ces questions ne sera pas accompagnée d’un hommage.Julie Lassonde explique sa performance, calmement. Elle remercie une adolescente qui vient de faire part de son émotion et de son trouble. À la fin des questions, les spectateurs vont prendre un verre avant de partir. C’est avec regret qu’ils quittent Julie Lassonde.

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