Le Métropolitain

Une exposition à double visages à la galerie Thompson Landry

Vous êtes-vous déjà demandé si Rimbaud aurait été Rimbaud sans Verlaine, Oscar Wilde sans Lord Alfred Douglas, Jean-Paul Sartre sans Simone de Beauvoir, Albert Einstein sans Mileva Marić, Martin Luther King sans Coretta Scott, Auguste Rodin sans Camille Claudel, Vincent van Gogh sans son frère Theo, Salvador Dali sans sa muse Gala ou encore Jane Goodall sans ses chimpanzés ?

Le peintre québécois Mathieu Laca, lui, se l’était manifestement déjà demandé! Plus que cela, ce questionnement intérieur lui a inspiré toute une série de tableaux intitulée « Que serais-je sans toi », la plus audacieuse de l’artiste selon les spécialistes.

Exposées du 7 au 24 novembre à la galerie Thompson Landry dans le quartier de la Distillerie, ces toiles, une trentaine au total, braquent la lumière sur le partenaire, l’âme sœur ou l’autre de soi resté souvent dans l’ombre au vu des normes socio-morales en vigueur de l’époque, allant parfois jusqu’à sacrifier son propre art malgré un talent qui ne manquait pas, comme cela était le cas pour la pianiste Clara Schumann qui avait mis sa carrière en veilleuse afin de soutenir Robert.

À ce stade, ceux qui n’ont pas encore vu pourraient s’imaginer qu’il s’agit là de portraits traditionnels de binômes comme il y en existe des milliers. Il n’en est rien. Ceux qui ont déjà vu ont compris aisément que l’art de Mathieu Laca n’est pas conventionnel, dans la mesure où il se tient à la lisière entre figuration et abstraction. Ajoutez à cela une technique singulière d’empâtement et d’éclaboussures et vous êtes à mille et une lieues de l’usuel. Et à technique spéciale, matériaux spéciaux. En effet, la formule de la peinture à huile épaisse qu’utilise l’artiste est concoctée spécialement pour lui par son fournisseur montréalais, du sur mesure en quelque sorte.

Quant à notre remarque concernant le fait d’avoir épargné délibérément des éclaboussures les yeux dans ses portraits, le peintre explique : « L’expression est concentrée dans les yeux. C’est là où réside le détail, d’autant plus que c’est le contact visuel avec le spectateur. Ils sont pour moi le point d’ancrage de chaque tableau, et souvent les éclaboussures que je peins vont diriger le regard du spectateur vers les yeux du portrait, car c’est là où l’émotion se joue », en plein dans le mille, donc!

Pour sa part, le public semblait emballé par les tableaux à double visages lors de la soirée de vernissage, à l’image de Monte Ray McMurchy, un amateur d’art et collectionneur au regard vif et investigateur.

« Cet artiste m’intéresse parce qu’il y a à la fois de la qualité et de la puissance dans sa peinture. Ses toiles ont quelque chose d’atavique et de viscéral. Pour les personnes qui hésitent encore à acheter, je leur dis allez-y les yeux fermés », conseille-t-il (drôle de recommandation s’agissant d’un art visuel).

Justement la douloureuse, parlons-en! La fourchette des prix des œuvres exposées varie entre 1350 $ et 22 000 $ chacune. Et si vous cherchez à acquérir des toiles telles que Vincent et Theo Van Gogh, Jane Goodall et Chimp ou encore Lord Alfred Douglas et Oscar Wild dans le but d’orner votre salon, ne cherchez plus, elles ont déjà trouvé preneur.

PHOTO: L’artiste devant la toile Auguste Rodin et Camille Claudel

SOURCE: Soufiane Chakkouche

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