Le Métropolitain

Une alliée de la francophonie prend une retraite bien méritée

Les Franco-Ontariens ne sont pas seuls dans leur cheminement vers l’accès à un réseau de services dans leur langue. De nombreux anglophones, qui parfois ne parlent pas le français tout en étant sympathiques à la cause francophone, travaillent souvent dans l’ombre pour contribuer à l’avancement de cette communauté. C’est le cas d’Helen Lewis-Federovich, pour qui le 26 juin marque la dernière journée de travail à la Municipalité régionale de Peel.

Helen Lewis-Federovich

Au cours des 15 dernières années, elle y a brièvement été préposée pour le programme Ontario au travail avant de se dévouer pour les services à l’enfance et ensuite au niveau des partenariats communautaires. En ce qui regarde les francophones, Mme Lewis-Federovich estime que les multiples projets auxquels elle a apporté sa contribution peuvent se résumer, au niveau des autorités régionales, par l’éveil à une réalité.

« Je pense que c’était la prise de conscience générale quant à la communauté », résume-t-elle, expliquant qu’il y a 15 ans, la Région de Peel ne connaissait pas les besoins des francophones et qu’il y avait une grande disparité dans l’offre de services comparée aux anglophones.

« Ça me fait de la peine de la voir partir. Elle a travaillé fort », commente Lauraine Côté, directrice générale du Cercle de l’amitié, un organisme basé à Mississauga. Mmes Côté et Lewis-Federovich ont travaillé de concert pour mener à bien l’ouverture de la première garderie du Conseil scolaire Viamonde à l’école Carrefour des jeunes à Brampton. Le gouvernement avait créé le programme Meilleur départ et subventionnait la construction des locaux et l’achat d’équipement par l’entremise des municipalités. « C’était un gros succès pour les garderies francophones », renchérit Mme Côté.

À peu près à la même époque, Helen Lewis-Federovich a lancé une autre initiative : le Comité francophone – Familles de Peel. La formation de ce comité allait de soi puisqu’il rassemblait les fournisseurs de services à l’enfance et à la famille.

Peu de temps après, Le lien français, un événement qui devait connaître plusieurs rééditions annuelles, voyait le jour avec l’appui de Mme Lewis-Federovich et la participation d’une autre personnalité remarquable de la région : la regrettée Anna Veltri, qui a notamment été directrice générale du Collège du Savoir à Brampton.

« Quelle personne extraordinaire. J’ai appris beaucoup grâce à Anna », commente Mme Lewis-Federovich avec émotion. Le lien français faisait la promotion de la francophonie locale en rassemblant, pendant une journée, artistes et exposants dans un lieu public très passant.

Helen Lewis-Federovich a aussi coordonné l’application du Plan de services en français de la Région de Peel. Le territoire couvert par Mississauga et Brampton est désigné en vertu de la Loi sur les services en français et, bien que les municipalités ne soient pas assujetties à cette loi, il tombait sous le sens de faire des progrès au niveau du bilinguisme, entre autres sur le plan des communications.

La question de la traduction du matériel promotionnel l’a toujours préoccupée et elle s’exaspère des résistances au bilinguisme sous prétexte que tout le monde parle anglais. Heureusement, Mme Lewis-Federovich constate une évolution positive à cet égard.

« On est toujours restés sur le radar à cause d’elle », constate, reconnaissante, Lauraine Côté. Avec les Autochtones, les pauvres, les personnes victimes d’exploitation sexuelle, etc., les francophones font partie de la longue liste de résidents de la région ayant bénéficié du professionnalisme d’Helen Lewis-Federovich.

Quel est le souvenir le plus marquant qu’elle gardera des francophones de Peel? « Je pense que c’est la passion que la communauté démontre pour sa langue et sa culture. Ça me touche au fond du cœur. Je viens du Pays-de-Galles et je parle le gallois, alors ça rejoint ma propre expérience. » En effet, le gallois, qui était presque disparu il y a 50 ans, connaît aujourd’hui une renaissance remarquable en Grande-Bretagne.

« J’ai vu ce qui se passait ici et j’espérais pouvoir faire ma part pour la croissance du français », poursuit Helen Lewis-Federovich, ce à quoi répondront « Mission accomplie! » tous ceux qui ont eu le privilège de travailler avec elle.

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