Le Métropolitain

Un foyer francophone ouvrira ses portes dans le Grand Toronto

Richard Caumartin

Le Club Richelieu Toronto (CRT) tenait sa première conférence de l’année le 17 janvier à Place Saint-Laurent de Centres d’accueil Héritage. L’organisme avait invité le directeur général du Foyer Richelieu de Welland (FRW), Sean Keays, pour parler du projet de construction d’un foyer de soins de longue durée de 256 lits pour les francophones de la métropole canadienne.

« Sean Keays est directeur général du FRW depuis 2010 où il a réussi à obtenir une subvention du ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour bâtir une nouvelle section de soins de longue durée à Welland et des logements avec des services de soutien, explique la présidente du CRT, Diane Saint-Pierre. De plus, M. Keays a sécurisé 256 licences de soins de longue durée pour le Grand Toronto. »

Après les présentations d’usage, Mme Saint-Pierre a cédé la parole au conférencier qui, d’entrée de jeu, a indiqué que les meilleures données disponibles indiquent que les pénuries de services de santé en français sont les plus répandues dans les régions de Toronto, York ainsi que dans le comté de Simcoe Sud, Dufferin et Peel, Waterloo, le comté de Wellington, la ville de Guelph et certaines parties du comté de Grey. Ces régions sont situées à proximité de communautés ayant un pourcentage plus élevé d’agences identifiées et désignées.

« Actuellement, il y a 0,85 lit de soins de longue durée (SLD) pour 1000 francophones dans la région situé dans le sud de l’Ontario (Golden Horseshoe), comparativement à 5,86 lits pour 1000 Ontariens, précise Sean Keays. L’incapacité à communiquer avec le personnel de soins et les autres résidents entraîne un isolement social qui se traduit par des problèmes de santé chroniques. Alors, il n’est pas rare que les personnes âgées bilingues reviennent à leur langue maternelle en vieillissant. »

Le portail McMaster Optimal Aging cite les conclusions d’une analyse de 148 études sur l’impact de l’isolement social sur les aînés : « Les personnes âgées qui se sentent seules courent un risque accru de mourir plus tôt et sont plus susceptibles de connaître un déclin de leur mobilité, par rapport à celles qui ne se sentent pas seules ».

La recherche a établi un lien entre l’isolement social et la solitude, et les risques accrus de diverses maladies physiques et mentales : hypertension artérielle, maladies cardiaques, obésité, affaiblissement du système immunitaire, anxiété, dépression, déclin cognitif, maladie d’Alzheimer et même décès (90 % des résidents au FRW sont diagnostiqués avec de la démence).

Foyer Richelieu Toronto

« À la suite de la première vague de la COVID-19 au début de 2020, l’emploi dans le secteur de la construction a augmenté. Cela a entraîné une augmentation rapide des coûts de construction. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée à l’échelle nationale, ainsi qu’une augmentation sans précédent du prix du bois, de l’acier et d’autres matériaux de construction ont également contribué à faire grimper les prix de la construction. La hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada a entraîné une augmentation des coûts d’emprunt et les terrains à Toronto sont extrêmement chers et difficiles à trouver », confirme M. Keays.

Malgré tous ces défis, le projet va bel et bien de l’avant pour la Ville reine. Le foyer de soins de longue durée de 256 lits dans la capitale ontarienne contribuera à réduire les temps d’attente pour les personnes âgées souffrant de maladies chroniques ainsi qu’à leurs familles qui ont besoin de ce genre de soins, ainsi que les temps d’attente pour les patients dans les hôpitaux de la région du Grand Toronto.

Ce projet créera des emplois dans le secteur de la construction et plus de 300 nouveaux postes pour des professionnels et d’autres membres du personnel qui, à leur tour, investiront dans l’économie locale en payant des impôts fonciers, en soutenant des entreprises et des services, et en participant à des activités récréatives et culturelles.

« Nous sommes actuellement en négociation avec une organisation à but non lucratif réputée pour l’achat d’un terrain au coeur du centre-ville, confirme Sean Keays. D’autres options seraient de louer (au lieu de posséder) ou de déplacer les licences dans la région du Grand Toronto où les terrains sont moins chers et plus disponibles.

Le nouveau bâtiment s’appellera le Foyer Richelieu Toronto (FRT) et devrait ouvrir ses portes avant le 1er décembre 2028. Une fois le terrain acheté, cela débloquera d’autres sources de financement pour la construction du bâtiment qui dépassera les standards minimums de construction et les normes du Guide sur l’aménagement des foyers de soins de longue durée de l’Ontario. Nous suivrons le modèle que nous avons établi à Welland au niveau des diverses sources de financement. »

M. Keays assure que plus de 70 % du personnel sera bilingue et que la gouvernance du FRT sera composée de francophones de la grande région de Toronto. « Nous pourrons acheter nos matériaux au quotidien pour les deux foyers, donc nous effectuerons de grandes économies. De plus, le niveau de qualité supérieur avec tous les services offerts en français seront disponibles dans le nouvel établissement de SLD, comme ils sont offerts à Welland depuis toujours. Il y aura 8 pavillons de 32 lits, ce qui permettra de créer des petites communautés à l’intérieur d’une plus grande, comme le multiculturalisme de la grande famille francophone de Toronto », conclut le conférencier en entrevue avec Le Métropolitain.

Photo (courtoisie CRT et CAH) : Sean Keays présente les temps d’attente pour obtenir une place dans un foyer de soins de longue durée.

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