Le Métropolitain

Un demi-siècle d’éducation en français à l’école catholique Corpus-Christi

Quand l’école Corpus-Christi a accueilli ses premiers élèves en 1963, la communauté francophone d’Oshawa avait des doutes quant à la survie du fait français dans la région. C’est d’ailleurs une des raisons qui explique le nom latin de l’école. Un nom tel que Corpus-Christi permettrait d’en faire plus facilement une école anglaise catholique si le besoin et l’intérêt pour une école française venaient à disparaître. À l’heure actuelle, ces doutes liés au fait français sont bel et bien choses du passé dans cette communauté qui travaille activement pour que la région de Durham soit désignée en vertu de la Loi sur les services en français. Pour ce qui est de l’éducation scolaire, la communauté catholique de langue française de la région s’est donné au fil des ans trois autres écoles – Jean-Paul II, à Whitby, Notre-Dame-de-la-Jeunesse, à Ajax, ainsi que l’école secondaire St-Charles-Garnier, à Whitby.

Pour souligner ce demi-siècle d’éducation à l’école Corpus-Christi, des célébrations ont eu lieu les 4, 5 et 6 octobre derniers. Les festivités du cinquantenaire étaient placées sous le thème « Ensemble… souvenons-nous d’hier, célébrons aujourd’hui et imaginons demain » et la soirée hommage du vendredi soir a marqué le début de ces retrouvailles émouvantes.

Souvenons-nous d’hier

« J’avais 12 ans en 1963 et je commençais ma 7e année à Corpus-Christi, raconte Paulette Mantha-Lévesque. Cinquante ans, c’est une fierté qui ne s’explique pas. L’école Corpus-Christi était un essai en 1963. Nous étions contents d’avoir une école à nous plutôt que de partager des locaux à St. Christopher, une école anglaise. Des années plus tard, mes deux garçons, Gilles et Philippe, ont aussi fréquenté Corpus-Christi. » Pour sa part, Janine Guilbeault-Loranger qui habite toujours dans la région d’Oshawa, était enseignante à Corpus-Christi en 1963. C’est avec grand plaisir qu’elle a renoué avec deux de ses élèves de l’époque, Denise Larochelle et sa sœur Paula Larochelle-Murphy.

Des retrouvailles comme celles-là étaient légion ce soir-là dans la bibliothèque de l’école où étaient rassemblés, avant la soirée hommage proprement dite, les anciens élèves qui ont fréquenté la première école de langue française à Oshawa et les enseignants qui leur ont transmis le savoir pour en faire des citoyens du monde. Quelques politiciens, représentants du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud et des directions, présentes et passées, de l’école faisaient également partie de ce groupe.
 
Pour la conseillère scolaire de la région de Durham, Olga Lambert, « le 50e anniversaire représente les nombreux défis qu’a relevés cette école pionnière. C’est fantastique d’avoir trois générations d’une même famille dans cet établissement. »

Une capsule de temps, construite en octobre 1988 à l’occasion du 25e anniversaire de l’école par Ed Léger, a été ouverte pour le 50e. À l’intérieur, se trouvaient des « reliques » du passé, notamment plusieurs dessins d’élèves qui, ce soir-là, avaient été placés sur des présentoirs afin que les visiteurs puissent les admirer et se souvenir d’hier.

Célébrons aujourd’hui

Les anciens élèves – dont un bon nombre sont aujourd’hui parents et grands-parents – se sont déplacés ensuite vers le gymnase en compagnie des dignitaires et autres invités d’honneur afin de se joindre à la communauté scolaire actuelle de Corpus-Christi. D’ailleurs le comité organisateur du 50e anniversaire avait concocté toute une célébration pour souligner ce jalon important de la doyenne des écoles françaises de la région qui, soit dit en passant, a toujours été située au 362, avenue Hillside à Oshawa.

C’est au rythme des Tambours de Corpus-Christi que la soirée hommage a commencé. Puis, les maîtresses de cérémonie – Sylvie Gendron et la directrice Joanne Johnson – ont fait l’historique de l’école. Ensuite, les invités d’honneur se sont succédé au podium et chacun n’avait que des félicitations pour ce demi-siècle d’enseignement en français. Les allocutions étaient entrecoupées des prestations musicales des Tambours de Corpus-Christi et de la chorale Franco-Énergie.

Le père Edmond Gendron, curé de la paroisse Assomption de Notre-Dame, a d’abord béni l’assemblée. Puis, la conseillère Lambert a lu un message de la ministre de l’Éducation, Liz Sandals, qui « applaudit les 50 ans d’excellence en éducation de Corpus-Christi, en préparant les élèves à relever les défis au-delà de l’école. » Mme Lambert a aussi salué « ceux qui se sont battus pour que la francophonie reste ».

Le maire d’Oshawa, John Henry, a rendu hommage au rôle important des enseignants. Il a déclaré, en anglais : « Félicitations pour 50 ans de services importants à la communauté. Merci de faire d’Oshawa une ville où il fait bon vivre. » Le conseiller municipal et régional, Nester Pidwerbecki, a également félicité la communauté francophone pour ce « succès continu ».

La directrice de l’école, Joanne Johnson, n’est en poste que depuis septembre 2013. Celle qui a débuté sa carrière à Welland s’est dite très surprise de l’enthousiasme qui règne dans l’école avec « des enseignants dévoués et des enfants adorables ». Elle a aussi remercié les parents pour leur accueil chaleureux.

Pour sa part, le directeur de l’Éducation au CSDCCS, Réjean Sirois, a adressé quelques mots de remerciement au comité qui a travaillé d’arrache-pied pour tout organiser. « C’est un plaisir d’être ici, dans la première école élémentaire francophone de la région de Durham », a-t-il ajouté, avant de remettre une plaque commémorative de l’événement. La surintendante des écoles de Durham, Nicole Bradley a félicité l’école Corpus-Christi pour ses 50 ans au sein de la communauté catholique francophone.

La présidente du conseil d’école, Tracy Hébert-Gillespie, a tenu à rappeler que son père était un élève de Corpus-Christi en 1963. Au nom de tous les parents dont les enfants fréquentent l’école, elle a souhaité une longue vie à Corpus-Christi.

Imaginons l’avenir

« C’est ici que nos élèves apprennent à devenir citoyens du monde depuis 50 ans, ont rappelé les maîtresses de cérémonie à l’auditoire. Merci d’avoir été des pionniers et de vous être battus pour la francophonie. (…) Nos élèves laisseront certes derrière eux un monde meilleur. »

Sur ces paroles fort prometteuses, la quarantaine d’élèves de la chorale Franco-Énergie ont interprété Si je pouvais changer le monde et Hallelujah. Cette dernière chanson visait à reconnaître le travail de la directrice sortante, Sylvie Gendron.

La partie officielle de la soirée terminée, les membres de communauté scolaire ont été invités à socialiser autour d’un goûter. Quand à l’avenir des élèves qui fréquentent Corpus-Christi, il suffisait d’un arrêt sur les paliers d’escalier pour deviner que la génération actuelle sait où elle va. En effet, sur les murs étaient affichés des dessins d’élèves de différents niveaux qui illustraient la profession qu’ils souhaitent exercer plus tard : vétérinaire, policier, médecin, travailleur dans la construction, enseignant, etc. Même si aucun n’aspire à devenir journaliste, il n’y a aucun doute que quelques-uns d’entre eux n’hésiteront pas à prendre bonne note de tous les exploits et réussites de leurs camarades afin de les inclure dans la capsule pour que, à l’occasion du 75e anniversaire, la communauté puisse acclamer ces jeunes qui auront eux aussi eu la chance de changer le monde.

Photo : De gauche à droite : Sylvie Gendron (présidente, comité du 50e anniversaire), Réjean Sirois (CSDCCS), Olga Lambert (conseillère scolaire), John Henry (maire d’Oshawa), Nester Pidwerbecki (conseiller municipal et régional), Joanne Johnson (directrice de Corpus-Christi) et Nicole Bradley (CSDCCS)

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