Le Métropolitain

The World’s Biggest Bookstore sera remplacé par des restaurants

Dans quelques semaines, The World’s Biggest Bookstore fermera ses portes définitivement. C’était un des derniers endroits où l’on pouvait trouver des livres en français à Toronto.

Remplacer de la littérature par de la bouffe. Toronto change. Il fut un temps où ces grands blocs de tôle ondulée que sont Honest Ed et The World Biggest Bookstore faisaient la fierté des habitants d’ici. Avec leurs couleurs criardes, leur esthétique bon marché, mais aussi leurs prix cassés, ils disaient quelque chose de Toronto. Un Toronto accroché à de petites choses : posséder la plus grande librairie du monde (ce qui n’a jamais été le cas, même lors de sa construction).

Mais outre ce morceau de patrimoine un peu encombrant, avec la fermeture de ce magasin, disparaît l’un des derniers endroits en ville où il est possible d’acheter des livres en français. Certes, ce n’était pas grand-chose. Un rayon, tout de même. À côté des sempiternels Marc Lévy et Guillaume Musso, on trouvait des livres de recettes, de jardinage, quelques bandes dessinées (Thorgal, Lanfeust, Magasin Général) et même quelques classiques de la littérature française.

Pour les amoureux des livres, c’est un drame. Un de plus après la fermeture définitive de la librairie Champlain, en 2009. Pour David Gressot, du festival des auteurs d’Harbourfront, « chaque fois qu’une librairie, quelle qu’elle soit, s’éteint, c’est un nouveau coup porté contre une industrie déjà fragile et les lecteurs fidèles qui la composent. » Mais pour M. Gressot, la coupe est d’autant plus dure qu’il s’agit d’une institution. « The World Biggest Bookstore a plus de 30 ans d’activités! C’est une ville entière qui en vient à se redessiner et des habitants qui en payent le prix. Le prix d’un abandon. Le prix d’une lourde perte pour la vaste communauté des amoureux de livres. »

Sur un aspect purement francophone, « c’était l’un des rares endroits où il était également question de représenter la littérature française et francophone à Toronto », poursuit-il. Même s’il concède que ce rayon n’a jamais été très bien garni (« surtout de grands classiques et des lauréats de prix littéraires »). 

Alors, où acheter des livres en français, aujourd’hui, à Toronto? Le rayon francophone de la librairie de bandes dessinées The Beguiling est toujours très bien fourni. Mais de la littérature? « Désormais, le seul lieu où les lecteurs francophones et francophiles peuvent trouver leur bonheur, c’est à la Maison de la Presse à Yorkville. Un seul et unique endroit dans une ville qui compte plus de 100 000 francophones », continue David Gressot, un peu amer. 

Mais pour les amoureux des livres, il existe un espoir. Il réside dans l’Alliance Française, qui prévoit une librairie francophone dans ses locaux agrandis. Enfin, il est possible d’acheter des livres en français lors des grands festivals littéraires de Toronto : l’International Festival of Authors, au Centre Harbourfront qui aura lieu cette année du 23 octobre au 2 novembre, le Toronto Comic Arts Festival), les 9, 10 et 11 mai, ainsi que le Salon du livre de Toronto.

Exit mobile version