Le Métropolitain

Suzanne Simon Baptiste Louverture : à la découverte d’une héroïne oubliée

Christiane Beaupré

Aviez-vous déjà entendu parler de Suzanne Simon Baptiste Louverture avant de lire le titre de cet article? Pour la plupart des gens, la femme de Toussaint Louverture demeure encore aujourd’hui une parfaite inconnue. Mais ce n’est pas le cas pour Gabriel Osson, l’invité du CRÉFO en ce jeudi 4 avril. En effet, depuis cinq ans, la femme du héros de la révolution haïtienne est devenue une figure centrale dans les recherches de l’auteur torontois.

Le coup de foudre initial avec cette héroïne a eu lieu lorsque Gabriel Osson assista à un mariage à Agen, dans le sud-ouest de la France, et qu’il apprit par un voisin de table que Suzanne Simon Baptiste Louverture avait résidé pendant plusieurs années à quelques kilomètres d’où ils étaient et qu’elle avait été inhumée dans le cimetière, où se trouve aujourd’hui la gare de la municipalité. Ce simple fait a suffi à captiver l’imagination de l’écrivain, originaire de Port-au-Prince, en Haïti, le poussant à entamer des recherches.

À son retour au Canada, M. Osson s’empresse de faire une demande de bourse de recherche auprès du Conseil des arts pour approfondir ses investigations. « Ce fut un véritable parcours du combattant, raconte-t-il. J’ai ensuite sollicité les Archives d’Agen et celles des autres villes avoisinantes pour leur faire part de mes recherches sur ce sujet. »

Pour Gabriel Osson, il était inconcevable que la femme de celui qui a joué un rôle crucial dans les mouvements d’émancipation des colonies françaises et qui était de tous les combats puisse disparaître du jour au lendemain. Au cours de ses recherches à Brest, il a pu confirmer l’existence de Suzanne Louverture grâce aux Archives maritimes locales, qui gardent précieusement les manifestes des bateaux, et avaient celui des personnes débarquées au port de Brest à la fin du XVIIIe siècle.

Les archives des villes de Brest, Bayonne et Agen ont aussi permis de retracer le parcours de Suzanne Louverture après sa déportation en France et au cours de ses dernières années de vie.

Mère, épouse et Première Dame

Voici les faits saillants de son riche parcours :

Suzanne Simon Baptiste Louverture est née sur l’habitation de Bréda, près du Cap-Français, dans une famille dont les ancêtres avaient été affranchis de l’esclavage. En 1784, elle épousa Toussaint de Bréda, futur Toussaint Louverture. Déjà mère d’un enfant, Placide, né en 1781, elle donna naissance à deux autres enfants, Isaac en 1786 et Saint-Jean en 1791, avec Toussaint.

Quelques années après la naissance de Saint-Jean, lorsque son mari fut nommé gouverneur de Saint-Domingue en 1797 et s’autoproclama gouverneur général à vie, elle assuma le rôle de Dame Consort de la colonie française de Saint-Domingue (maintenant Haïti), devenant ainsi la Première Dame.

En 1802, sur ordre de Napoléon, elle fut déportée en France avec sa famille, ainsi que deux nièces et une servante, sur le même vaisseau que Toussaint, capturé par ruse au Cap-Français. Séparée de son époux pendant la traversée de 45 jours, elle ne découvrit sa présence à bord que plus tard, et ils eurent peu de contacts. En juillet de la même année, Suzanne – toujours séparée de son mari – et sa famille arrivèrent à Brest, toujours séparée de son mari.

« Suzanne Louverture a laissé peu de documents écrits de sa propre main, constate Gabriel Osson. J’ai suivi son parcours dans les archives depuis son départ de Saint-Domingue jusqu’à son arrivée à Brest, puis à Bayonne, et enfin à Agen, où elle résida jusqu’à sa mort en 1816. »

Que réserve l’avenir à cette illustre femme? À l’heure actuelle, deux projets en lien avec Suzanne Louverture sont en cours de réalisation. Le premier, un roman historico-fiction sur Suzanne Simon Baptiste Louverture, dans lequel Gabriel Osson fera revivre cette héroïne méconnue. Le second consiste en une collecte de fonds pour ériger une statue à l’effigie de Suzanne Louverture à Agen, où elle a passé les dernières années de sa vie et où elle est décédée. Deux histoires à suivre avec le plus grand intérêt!

Photo: Gabriel Osson

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