C’est devant un parterre d’étudiants de l’École d’affaires publiques et internationales de Glendon qu’a eu lieu l’avant-première de la projection du documentaire Sur la corde raide » le 12 novembre dernier. Une projection universitaire avant l’heure puisque pour le commun des mortels, le lancement officiel du film est prévu pour le 30 novembre dans le cadre de Cinéfranco. Quoi qu’il en soit, Le Métropolitain y était, alors qu’aucun autre média n’avait pointé le bout de son zoom. Et pourtant! Le jeu en valait bien la chandelle.
Produit par l’Office national du film (ONF) et signé Claude Guilmain, le film braque les projecteurs sur les dessous des cartes au sujet des raisons du refus du Canada d’intervenir auprès des Américains et des « Alliés » dans l’invasion de l’Irak menée par Bush junior en 2003. En d’autres termes, il s’agit tout simplement – le temps passant aidant – des luttes politiques et diplomatiques qui ont eu lieu dans l’ombre entre les deux pays, des non-dits qu’on dit dans les coulisses mais jamais à la presse, et par jeu de rôle au grand public.
Quelques acteurs directs, témoins et analystes de l’Histoire comme Jean Chrétien, premier ministre du Canada (1993-2003); Claude Laverdure, conseiller politique de Jean Chrétien; Paul Heinbecker, ancien ambassadeur du Canada à l’ONU ou encore Miloud Chennoufi, professeur au Collège des Forces canadiennes, pour ne citer que ceux-là, ont livré leurs souvenirs et leur savoir dans cette pellicule, de quoi changer les idées reçues, jusqu’à celles du concepteur lui-même.
« Bien sûr que ce projet a changé quelque peu ma compréhension politique et diplomatique des choses, ne serait-ce que parce que j’y ai passé trois ans de ma vie. Le moins qu’on puisse dire c’est que faire ce film ne m’a pas rendu moins cynique », nous livre Claude Guilmain, petit sourire au coin des lèvres.
Quant à savoir si les faits et/ou l’information ne soient pas périmés pour les plus jeunes d’entre nous, c’est le producteur du documentaire, Denis McCready, qui s’est montré le plus prêt à répondre. « À mon sens, le film est très pertinent à plus d’un titre et d’une génération, à plus forte raison pour la jeune génération qui avait 5 ou 6 ans à l’époque des plus importantes manifestations pacifiques de l’histoire du Canada en février 2003. Ce public cible peut revivre au complet et de manière inédite les tribulations diplomatiques et les énormes pressions subies par le Canada dans cette affaire. C’est un véritable continuum de l’Histoire que Claude expose à propos de l’interventionnisme américain, ce qui est toujours d’actualité en Amérique du sud par exemple. »
Rien à redire, au vue de la politique étrangère agressive que mène actuellement l’Oncle Sam, le plus malin des turfistes parierait que le Canada va devoir, dans un avenir pas si loin que cela, refaire le même choix : faire la guerre aux côtés de Tonton ou refuser de porter les armes loin de ses frontières aux dépens des relations commerciales qu’entretient le pays avec la première puissance économique de la planète.
PHOTO: Francis Garon (professeur de science politique) et Claude Guilmain (documentariste)
SOURCE: Soufiane Chakkouche