Pour sa troisième édition, le festival du film sur l’eau DeauCumentaires (Water Docs) proposait une soirée française au Musée des beaux-arts de l’Ontario, événement qui fut organisé avec le soutien de CinéFranco, de l’Office national du film (ONF) et de la Semaine de la Francophonie. Une première tentative que les deux organisatrices Ludiwine Clouzot et Morgane Kot espèrent bien voir se répéter au cours des prochaines années. 

En préambule à la projection de deux films de l’ONF, Nikita Arora fut invitée à présenter un projet d’acheminement en eau potable dans les régions rurales du Malawi, initiative menée par l’organisation Ingénieurs sans frontières.

Une histoire de tortue, un court métrage d’animation de Kathy Shultz, relate le long et périlleux voyage effectué par un bébé tortue depuis son nid sur la plage jusque vers le grand large. Sans parler des dangers causés par les humains, la petite tortue devra aussi échapper à de multiples prédateurs. La réalisatrice, présente lors de la soirée, montra quelques-unes de ses marionnettes en plastique. 

Le porteur d’eau, un film du réalisateur Pascal Gélinas, suit pas à pas le Québécois Gilles Raymond dans ses efforts pour organiser les habitants de l’île indonésienne de Florès afin d’acheminer l’eau dans les villages. Surmontant les barrières religieuses, l’île est peuplée à la fois de catholiques et de musulmans, les villageois parviennent à capter cette eau provenant de sources situées à flanc de montagne et à la faire parvenir au moyen de tuyaux dans les communautés en contrebas. Le tout est réalisé sans pompe, mais en utilisant la simple force de la gravité. Basée entièrement sur le bénévolat local, cette campagne permet aux îliens de se prendre en main et de contourner certains individus corrompus qui détournent souvent les fonds versés par les ONG. 

Cette belle histoire ne s’arrête pas en si bon chemin. « L’idée a fait boule de neige. C’est drôle dans un pays tropical! », déclarait Pascal Gélinas, invité à la projection de son film. 

Ce principe que Gilles Raymond appelle « autonomie du territoire » ne s’applique plus désormais qu’au seul problème de l’eau, mais s’étend aujourd’hui à d’autres projets tels que la construction de routes. Une véritable révolution dans un pays qui a connu la dictature pendant si longtemps. 

Une fois l’eau arrivée au village, il est alors possible d’irriguer la terre. C’est alors qu’un système de prêts d’argent, inspiré des « prêts d’honneur » en vigueur autrefois au Québec, permet à des familles de recevoir les fonds nécessaires pour faire pousser du café et du gingembre. 

Questionnés à l’issue de la soirée au sujet de l’importance de l’eau, les spectateurs répondirent par des mots qui décrivent des idées aussi fortes telles que la vie, la solidarité et le partage. 

Photo : Pascal Gélinas