Le Métropolitain

Rétrospective de la cinéaste Claire Denis au TIFF

À partir du 11 octobre, le TIFF Bell Lightbox présente une rétrospective exceptionnelle de la cinéaste française Claire Denis, intitulée « Object of desire ». Claire Denis sera présente à Toronto, les 17 et 18 octobre pour présenter Mille Soleils et les Salauds. À voir absolument.

Claire Denis est une cinéaste à part. Une cinéaste qui a à son actif une vingtaine de films. Né à Paris de parents expatriés au Cameroun, mais qui voulaient que leur enfant naisse en France, elle vit en Afrique jusqu’à l’âge de 14 ans. De retour en France, elle étudie à l’Institut des Hautes Études Cinématographiques et débute au cinéma comme assistante des plus grands réalisateurs (Rivette, Jarmusch et Wenders).

Cette formation exceptionnelle lui permettra de passer enfin derrière la caméra en 1988, avec son premier long métrage autobiographique Chocolat que le TIFF va d’ailleurs montrer. Il s’agit d’un travail fascinant et dérangeant sur les rapports coloniaux et sur le temps qui change les hommes et les lieux. L’empire colonial français vit ses dernières heures. Avant les indépendances, ce sont des tensions, des désirs et des sensibilités que la réalisatrice va mettre à nu.

S’en fout la mort sera également projeté. Il s’agit de l’histoire d’une amitié sur fond de banlieue grise, de combats de coqs. Une dérive au-delà du réel pour deux jeunes hommes, un Africain et un Antillais, qui se cherchent une place dans un pays où ils sont étrangers.

On pourra également voir J’ai pas sommeil, un film inspiré d’un fait divers. Un tueur en série qui s’en prenait aux vieilles dames du XVIIIe arrondissement de Paris et qui volait leurs économies. Claire Denis greffe un personnage féminin à l’histoire. Daria, une louve venue de la Lituanie glacée, mais dont la beauté sauvage, l’énergie et la volonté de survivre vont entraîner des chocs et les cris de la ville. Ni moralisateur, ni sociologue, le film offre un regard halluciné sur la cité, parcourue par des forces sauvages, des pulsions et des drames. Le titre est l’écho de ses déambulations somnambules, de ce Paris, filmé comme jamais. Un chef-d’œuvre.

Enfin, on ne manquera pas son film le plus connu et peut-être le plus abouti, Beau Travail. Un film tourné avec les moyens du bord, sur la légion étrangère, mais malgré son opposition agressive. La chorégraphie des corps musculeux, forgés pour tuer, que Claire Denis sait regarder sans complaisance, mais sans supériorité ni haine. À l’image de l’ensemble de son cinéma, d’une beauté grave et saisissante. D’une esthétique différente et originale. À la fois héritière de la Nouvelle Vague, elle a su créer une façon de faire propre, qu’il faut découvrir, lorsque l’occasion nous en est donnée.

Photo : Claire Denis

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