Le bleu, le blanc et le rouge pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Une devise française revisitée par le réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski dans sa trilogie Trois couleurs (1993-1994).
Le jeudi 23 février, c’est le film Rouge qui était à l’honneur à l’occasion de la venue exceptionnelle de l’actrice Irène Jacobs à Toronto dans le cadre d’une tournée musicale. Le rouge pour la fraternité, pour l’amitié, pour l’amour.
Les spectateurs avaient la chance d’assister à une discussion entre la journaliste Claudia Hébert et Irène Jacobs. Cette dernière est revenue sur l’aventure qu’a été le tournage de Rouge avec le réalisateur Kieslowski et l’acteur Jean-Louis Trintignant.
« On va imaginer deux personnages qui n’ont rien à voir et qui vont trouver dans leur révolte et leur indignation un moment qui les rapproche », explique-t-elle en revenant sur les personnages de Valentine (Irène Jacobs) et du juge Joseph Kern (Jean-Louis Trintignant).
Le film qui s’impose comme un classique est marqué de la patte bien particulière de son réalisateur qui aimait utiliser « la caméra comme un microscope », rapporte l’actrice.
« La caméra s’approche très, très près. On cherche à savoir ce qui se passe à l’intérieur », précise-t-elle.
L’interprète de Valentine se rappelle comment le réalisateur pouvait rester accroupi en dessous de la caméra, juste à côté des acteurs, ce qui lui vaudra l’étonnement de Jean-Louis Trintignant : « Vous allez rester comme ça? ». Un acteur qu’Irène Jacobs se souvient comme d’un homme très intimidant, qui ne joue jamais ce qui est prévu. « Il aimait bien les terrains instables », rapporte-t-elle.
Un film imaginé comme un ping-pong entre les deux personnages par le réalisateur polonais, minimaliste dans ces dialogues.
« Krzysztof ne donne pas toutes les réponses dans ses films », rapporte Irène Jacobs. Une habitude qu’il avait prise du temps de la censure soviétique en Pologne qui l’empêchait de dire les choses explicitement.
Pour lui, son cinéma était une main tendue vers le spectateur et ce dernier pouvait alors tendre sa main pour compléter l’histoire. « Chacun interprète ainsi à sa façon », conclut Irène Jacobs.
Photo: À gauche, l’actrice Irène Jacobs