Le Métropolitain

Réflexion « sous le baobab » entre Afro-Canadiens

Ce n’est que récemment que l’association culturelle Kitabu s’est ajoutée à la liste des organismes en tous genres à Toronto, mais déjà, de grandes questions de société y ont été abordées lors de ses rencontres. C’est que l’association, dont le nom en swahili signifie « livre, ouvrage », se consacre aux débats intellectuels dans un cadre convivial. Les thèmes abordés se rapportent toujours à la condition des Canadiens d’origine africaine.

« L’objectif de cette association est de provoquer des débats et de promouvoir le goût de la lecture », résume Pascal Bushiri, initiateur du projet. C’est en considérant, d’une part, le déclin de la lecture au sein de la population et, d’autre part, la situation souvent difficile, au plan social et économique, de la communauté afro-canadienne à Toronto, que M. Bushiri a pris l’initiative de susciter la réflexion en commun pour trouver des pistes de solution. Kitabu organise des rencontres mensuelles dont le nom, « Sous le baobab », rappelle cette tradition africaine de rassembler la communauté sous ce grand arbre pour y discuter de questions importantes.

Le fait est bien connu : le taux de chômage est malheureusement élevé chez les immigrants. Ce n’est pas le seul problème : violence, hausse du divorce, manque de connaissance de la société d’accueil, etc., voilà autant de sujets préoccupants. « Nous avons grand intérêt à débattre et à partager », commente Pascal Bushiri, qui fait remarquer que d’autres communautés ethnoculturelles ont surmonté de nombreuses difficultés en se prenant en main. M. Bushiri espèrent que Kitabu sera un premier pas pour susciter une plus grande collaboration entre Afro-Canadiens, notamment en ancrant leur avenir et leur identité dans leur nouveau pays. En effet, il constate que, chez plusieurs d’entre eux, « le corps est ici mais l’esprit est ailleurs ». La transition d’une société à une autre est une étape difficile à vivre chez de nombreux immigrants qui, n’ayant guère de repères ou d’attaches au Canada, ne prennent pas spontanément l’initiative de s’y organiser durablement en tant que communauté.

Chaque dernier samedi du mois, à 13 h 30, Kitabu convie les Afro-Canadiens au restaurant Le Plato, situé au 785, avenue Danforth, à Toronto (quartier Scarborough). C’est dans l’atmosphère détendue de cet établissement, propriété d’un couple d’Ivoiriens, que les convives peuvent échanger sur des sujets sérieux en toute convivialité, voire en s’amusant. La quatrième rencontre, qui a eu lieu le 25 juillet, a ainsi porté sur la manière dont les femmes peuvent contribuer à l’émergence d’une communauté africaine prospère au Canada. C’est Fété Kimpiobi, écrivaine, entrepreneure et intervenante communautaire, qui fut la conférencière invitée. La majorité des participants à ces rencontres sont francophones mais, si le besoin s’impose, il y a toujours possibilité de traduire les échanges ou les présentations.

« Aide toi et le Ciel t’aidera » : ce vieil adage pourrait résumer la raison d’être de Kitabu qui représente une occasion idéale de réseauter et de resserrer les liens entre immigrants. C’est dans cette perspective que Pascal Bushiri attend les participants en grand nombre afin de donner corps à cet élan de solidarité et de collaboration qu’il anticipe et espère.

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