Le Métropolitain

Réduire son gaspillage alimentaire pour réduire sa facture d’épicerie

Marie-Ève Martel

Au pays, chaque famille jette aux poubelles l’équivalent d’un mois d’épicerie par année en raison du gaspillage, que ce soit parce qu’elle ne consomme pas ses restes ou parce qu’elle laisse des aliments se périmer.

La moyenne canadienne du gaspillage alimentaire représente 1300 $ de nourriture par ménage annuellement, ce qui équivaut environ à quatre repas et demi par semaine, indique le Conseil national zéro déchet.

En comparant cette statistique au plus récent Rapport annuel sur les prix alimentaires, qui indique qu’une famille canadienne moyenne a investi 15 222, 80 $ pour se nourrir en 2022, on réalise que le gaspillage gruge tout près de 12 % de son budget d’épicerie. Une statistique inquiétante dans le contexte actuel où le prix des aliments a considérablement augmenté.

Les aliments les plus gaspillés sont les fruits et légumes, les restes de table, les produits de boulangerie de même que les produits laitiers et les oeufs.

Des pertes évitables

Pour le Conseil national zéro déchet, gaspiller de la nourriture dans un contexte inflationniste est un non-sens. C’est pourquoi l’organisme profite de la deuxième Semaine nationale contre le gaspillage alimentaire pour sensibiliser les Canadiens à maximiser la nourriture qu’ils achètent pour limiter le plus possible les pertes, particulièrement celles qui sont évitables.

Environ 63 % des pertes alimentaires par les familles sont jugées évitables, ajoute-t-on. Cela représente, à l’échelle canadienne, quelque 2,3 millions de tonnes de denrées qui prennent le chemin de l’enfouissement chaque année.

Au Québec, environ 1,2 million de tonnes d’aliments sont perdues ou gaspillées, ce qui représente 16 % de tous les aliments qui entrent dans le système bioalimentaire de la province, selon la plus récente Étude de quantification des pertes et gaspillage alimentaire au Québec.

De cette quantité, 28 % est attribuable aux ménages, soit une quantité de 336 000 tonnes métriques d’aliments chaque année, relève Sophie Langlois, vice-présidente à la performance des opérations de Recyc-Québec.

Facture salée

Le gaspillage alimentaire coûterait aux Canadiens plus de 20 milliards $ annuellement, des pertes difficilement explicables alors que le coût du panier d’épicerie ne cesse d’augmenter, indique Craig Hodge, président du Conseil national zéro déchet.

« Alors que le coût des aliments est plus élevé que jamais, les consommateurs canadiens cherchent de nouvelles façons d’utiliser ce qu’ils ont au réfrigérateur et dans le garde-manger ou de faire durer leur nourriture plus longtemps », fait-il valoir dans un communiqué.

Le 13e Rapport annuel sur les prix alimentaires, produit par les universités Dalhousie, de Guelph, de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan, indique qu’en 2021, le coût des aliments avait augmenté entre 3 et 5 %. Pour 2022, une augmentation de l’ordre de 10,3 % a été observée. Les auteurs du rapport prévoient une hausse de 5 à 7 % pour 2023.

« C’est sûr que de chercher à réduire le gaspillage alimentaire chez soi est une bonne façon d’avoir un effet de levier, aussi bien sur l’environnement parce qu’on va réduire nos déchets, mais aussi sur nos finances parce qu’on diminuerait notre investissement lié à l’achat de nourriture », poursuit Mme Langlois.

Quelques conseils

Les consommateurs ne réalisent pas à quel point les pertes alimentaires finissent par peser lourd dans leur budget annuel, parce que celles-ci s’accumulent progressivement.

« On sait que nos vies vont vite, qu’on manque de temps, souligne Mme Langlois. Des fois, on achète de l’épicerie, mais on ne planifie pas adéquatement nos repas, on ne conserve pas les aliments adéquatement. Si on met en place quelques petits trucs simples, on va voir qu’on peut maximiser tous nos aliments et du même coup, maximiser notre investissement pour se les procurer. »

Pour aider les ménages à réduire leur gaspillage alimentaire, la campagne J’aime manger, pas gaspiller Canada, propose différents conseils. Elle suggère d’abord de planifier la préparation des repas pour déterminer plus précisément la quantité d’aliments dont on aura besoin et qu’il faudra acheter. S’il y a des restes, il est aussi possible de prévoir une autre recette qui en fera bon usage.

Les organismes encouragent aussi les consommateurs à réchauffer les restes ou à les retravailler pour en faire un tout nouveau plat. Les restes qui ne pourront pas être consommés rapidement pourront pour leur part être congelés. De bonnes conditions de conservation sont d’ailleurs essentielles pour prolonger la vie des aliments et limiter les pertes.

Source : Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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