Le Métropolitain

« Que fait-on lorsque l’on fait du jazz? 

Le vendredi 4 octobre, l’Alliance Française de Toronto a réuni deux grands jazzmen de Toronto pour un concert exceptionnel.

D’entrée de jeu, Ron Davis l’a annoncé : « Ce soir, toutes les notes seront jouées dans les deux langues officielles ». Le ton était donné. Et quel ton! Ron Davis n’est pas n’importe qui. Ron Davis est un pianiste et compositeur torontois dont la carrière connaît un rayonnement international, notamment en Europe et au Japon. Ses principales influences pianistiques comprennent Art Tatum et Oscar Peterson, mais sa musique est pétrie d’influences diverses, allant du classique au rock en passant par le klezmer. Son plus récent projet, Symphronica, lui offre l’occasion d’interpréter ses compositions à la tête d’orchestres symphoniques.

Et pour l’accompagner ce soir, rien de moins que le contrebassiste, compositeur et pédagogue Mike Downes. L’un des jazzmen les plus en demande au pays, comme en témoigne la liste impressionnante de ses collaborateurs qui comprend, entre auters, Oliver Jones, Diana Krall et PJ Perry.

Que fait-on lorsque l’on fait du jazz? On improvise, mais à partir d’un thème. L’improvisation, c’est du travail. Beaucoup de travail, d’adresse et de talent. Ce n’est pas pour tout le monde. On tord le thème, on le travaille, on en ressort un son inattendu et beau.

Fut un temps, le jazz était le rap d’aujourd’hui. La musique que les parents interdisaient à leurs adolescents. Et un jour, cette musique a été dépassée par une autre. Par le blues, puis le rythm’n’blues et enfin le rock’n’roll. Pourtant, le jazz est bien plus qu’une mode, c’est une autre manière d’aborder la musique et même, peut-être, de voir le monde.

Alors, demande Mike Downes, comment remplir le fossé entre « la musique que les gens écoutent et celle que les jazzmen jouent »? Peut-être en reprenant des succès contemporains plutôt que de ne choisir comme support que des morceaux composés dans les années 1930. C’est ainsi que le public de l’Alliance Française a pu profiter d’une splendide reprise de Poker Face, de Lady Gaga. Un succès d’un été, pour un jazz tout en impro et en envolées. « La carte n’est pas le territoire, de la même manière, la partition n’est pas le morceau », explique Mike Downes. L’improvisation joue une place centrale dans le jazz. Mais l’improvisation, c’est énormément de travail. Un travail en amont, pour être capable de s’exprimer comme on le veut avec un instrument.

Et c’est ce que ces deux musiciens ont fait en envoyant du rêve et du son au public. La définition du jazz en somme.

Photo : L’improvisation joue une place centrale dans le jazz.

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