Le Métropolitain

« Quand j’écris pour le théâtre, je ne pense qu’aux mots »

Le livre n’a pas besoin du coronavirus ou autre crise pour prouver qu’il est le meilleur compagnon de l’homme en toute circonstance. Toutefois, en ces temps de distanciation sociale et de confinement, son rôle social est des plus importants pour petits et grands. Parmi les récentes parutions, on a jeté notre dévolu sur Flush, une pièce de théâtre mêlant le drame à l’humour noir, signée la très prometteuse Marie-Claire Marcotte. On a donc lu, puis on est parti à la rencontre de l’auteure sans jamais quitter notre canapé !

LM : Il est écrit sur le communiqué de presse faisant la promotion de votre livre : « Bientôt présentée au Théâtre français de Toronto et à La Troupe du Jour de Saskatoon ». C’est quand bientôt ?

MCM : C’est prévu pour janvier 2021.

LM : La pièce se joue avec peu de personnages (4 en tout : Corinne, La Petite, Fred et Marthe) et à huit clos avec un seul lieu (une petite maison délabrée) ! Pourquoi ce choix ? Est-ce que c’est pour réduire les coûts de la pièce ?

MCM : (Rire). Ça aurait pu l’être, mais non ! ce n’est pas le cas. C’est venu d’une manière naturelle et spontanée. Je n’y pensais pas trop durant le travail d’écriture, c’est vraiment à la fin que, tout à coup, je me suis rendu compte que les scènes se passaient toutes entre deux portes ! Je trouve que ça donne plus de tension dramatique, plus de stress quand les personnages se retrouvent tous ensemble dans un même espace, à plus forte raison lorsque celui-ci est réduit. Vous remarquerez que ça colle parfaitement avec le contexte actuel du confinement. Mais je vous avoue que je ne l’ai pas fait exprès.    

LM : Vous avez-choisi un humour sinistre, presque noir, voire parfois ubuesque, pourquoi ce choix ? Est-ce qu’on peut dire que c’est votre marque de fabrique en quelque sorte ?

MCM : Oui ! A force d’en user, on peut dire que l’humour noir est devenu ma marque de fabrique. Je vais vous faire une confidence : même quand j’essaie d’écrire des choses très légères humoristiquement, comme un chat noir, je retombe invariablement sur mes pieds, c’est-à-dire dans l’humour noir. Je trouve toujours quelque chose ou quelques situations glauques, et l’inverse est vrai aussi. Si c’est trop douloureux ou trop dramatique, je me sens obligée de briser la tension d’une manière ou d’une autre. Je pense que c’est valable également dans la vraie vie, dans le sens où il y a toujours quelque chose de drôle à tirer d’un drame. Pour résumer, je suis toujours dans cette zone drôle/triste, triste/drôle.   

LM : Dans votre pièce, il existe un poisson rouge intriguant qui n’arrête pas de ressusciter, y compris quand le personnage principal le jette dans les toilettes et tire la chasse d’eau. Quel est le symbole qui se cache derrière ce poisson rouge, si symbole il y a ?

MCM : Tout à fait, il y a un symbole derrière ce petit poisson rouge ou plutôt plusieurs symboles que chacun pourrait interpréter à sa manière. D’ailleurs, les personnes qui ont déjà lu la pièce ont tous des interprétations différentes à ce sujet. Pour ma part, il représente le petit bobo qui refuse de disparaitre. Corinne essaie de flusher, d’oublier son passé, mais c’est quelque chose qui finit toujours par la rattraper. C’est aussi un genre d’espoir, cette vie qui continue à souffler malgré tout.   

LM : Vous êtes également comédienne. Est-ce que vous n’envisagez pas de jouer un rôle dans cette pièce lorsqu’elle sera produite sur les planches des théâtres ?A vrai dire,on vous voit bien dans le rôle de Corinne.

MCM : (Rire). C’est vrai que j’ai commencé mon parcours en jouant, mais pour Flush, je n’ai pas l’intention de jouer un rôle. En revanche, il y a un chapeau artistique qui m’intéresse plus dans cette pièce, c’est celui de la mise en scène. Je suis vraiment intriguée par cet univers et impatiente de voir ce que ça va donner pour Flush.    

LM : Vous êtes aussi scénariste et réalisatrice, quelle est, selon vous, la différence entre l’écriture d’une pièce de théâtre et celle d’un scénario d’un long métrage pour le cinéma ?

MCM : Pour moi,la plus grande différence réside dans le fait que le théâtre est axé sur les mots, c’est un univers de paroles, tandis que la scénarisation dans le cinéma est, toujours d’après moi, un univers d’images. Avec cette dernière, j’essaie d’abord de tout dire à travers les images, et ensuite j’apporte les mots quand c’est vraiment nécessaire, dans le but d’apporter une information ou d’aider à la compréhension de l’action, à la différence de l’écriture d’une pièce de  théâtre où je commence avec les mots. En fait, quand j’écris pour le théâtre, je ne pense qu’aux mots.

LM : Quels sont vos projets artistiques dans un avenir proche ?

MCM : J’ai beaucoup de projets d’écriture en ce moment, comme par exemple une série pour la télévision. Je suis aussi en train d’écrire mon premier long métrage et c’est justement une adaptation de Flush, une adaptation pas vraiment fidèle à 100% dans la mesure où d’autres lieux extérieurs vont faire leur apparition pour sortir justement de ce huit clos que vous avez évoqué au début de l’interview.  

LM : C’est un scoop, ça ?

MCM : (rire) tout à fait.

LM : Merci.

SOURCE: Soufiane Chakkouche

PHOTO: Marie-Claire Marcotte

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