Le Centre francophone du Grand Toronto, OASIS Centre des femmes et La Maison ont organisé une journée de conférence sur la protection des jeunes contre les abus. Experts et participants ont partagé connaissances, ressources et stratégies pour soutenir les familles et renforcer la prévention dans la communauté francophone de Toronto.

Olaïsha Francis – IJL – Le Métropolitain

Le 26 novembre, le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), OASIS Centre des femmes et La Maison ont tenu une conférence intitulée « Les abus envers les enfants et les jeunes : pistes de réflexion pour les familles et les intervenants ». L’activité s’est déroulée dans les bureaux du CFGT et en ligne, rassemblant une cinquantaine de familles, intervenants et membres d’organismes communautaires.

Cette journée de sensibilisation s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe. Elle a permis aux participants de mieux comprendre les enjeux liés à la prévention, au signalement et au soutien des enfants victimes de violence. Plusieurs experts du droit, de la santé mentale et de la protection de l’enfance ont présenté leurs analyses et recommandations.

Les intervenants ont abordé les impacts de la violence conjugale sur les enfants et l’intervention en protection de l’enfance. Stéphanie Panzarella, superviseure de la protection de l’enfant à la Société de l’aide à l’enfance, a rappelé qu’il était essentiel de distinguer la discipline de l’abus, car la perception varie selon les pays. Cette précision a préparé les participants à mieux évaluer les situations qu’ils pourraient rencontrer dans leur milieu professionnel ou familial.

L’avocate Angela Ogang a présenté les obligations légales de signalement et les ressources juridiques disponibles, rappelant que les certificats d’Aide juridique Ontario permettent aux parents d’obtenir un avocat payé par l’État dans les affaires de protection de l’enfance.

Les participants ont pu poser des questions précises. Un travailleur en prévention d’agression et intimidation a demandé : « Si j’ai un doute pour un élève et que la travailleuse sociale de l’école me confirme qu’elle va appeler, est-ce que je fais confiance ou j’ai l’obligation d’appeler? » Me Ogang a répondu sans équivoque : « Vous ne pouvez pas déléguer votre obligation ».

Les organismes de services à l’enfance et à la famille présents, dont La Maison, OASIS et le CFGT, offrent un soutien culturel aux familles francophones et agissent comme intermédiaires entre les communautés et les sociétés d’aide à l’enfance. Diewo Diallo, gestionnaire des programmes à OASIS, a rappelé que dans 45 % à 60 % des foyers où une femme est victime de violence conjugale, les enfants sont également exposés à la violence, directement ou indirectement.

La conférence a également présenté le programme « Sa lutte, ma lutte : des hommes alliés et engagés dans la lutte contre la violence basée sur le genre », qui débutera le 5 décembre. Ce projet de recherche-action participative vise à outiller les hommes prêts à devenir des alliés dans la lutte contre la violence fondée sur le genre et à adapter les programmes aux réalités locales.

Paul-André Betito, thérapeute en santé mentale, a souligné les conséquences psychologiques de la violence sur les enfants et les jeunes, expliquant le rôle crucial de la thérapie pour prévenir et rétablir des familles conflictuelles. Wilhelmine Babua, directrice générale de La Maison, a présenté le programme « Enfant témoin », en place depuis 2017, qui offre un espace sécurisé et confidentiel pour les familles francophones.

« La protection des enfants ne commence pas devant les tribunaux, mais dans nos maisons, nos écoles et notre communauté. Ce forum donne la parole aux personnes concernées et à celles qui veulent agir, même à petite échelle », a conclu Jean Nicolas Yacoub, avocat au Service d’aide juridique du CFGT, qui a rappelé l’importance de la prévention à l’échelle communautaire.

Photo : Des participants à la conférence sur les abus envers les enfants (Crédit : CFGT)