Le Métropolitain

Pour mieux comprendre la crise étudiante au Québec

« Si on ne suivait les évènements du printemps québécois, uniquement avec le prisme des médias anglophones de l’Ontario, on voyait dans les manifestants des enfants rois, et on voyait dans le Québec une société qui disait tout le temps non, et qui refusait la modernité », a résumé le professeur Ian Roberge, en conclusion du colloque.

La différence de perception entre les évènements du « printemps érable » des deux côtés de la rivière des Outaouais est troublante. Aussi, il n’était pas inutile de commencer un colloque sur le mouvement étudiant du printemps dernier au Québec par un bref historique.

Le conflit étudiant a lieu du 13 février au 7 septembre 2012, ce qui en fait le conflit étudiant le plus long de l’histoire du Québec. La grève est déclenchée en réponse à l’augmentation des droits de scolarité universitaires par le gouvernement du Parti libéral de Jean Charest pour 2012 à 2017, passant de 2168 $ à 3793 $; une augmentation de près de 75 % en cinq ans — ou pour 2012 à 2019, passant de 2168 $ à 3946 $, soit une augmentation de près de 82 % en sept ans.

Lors du conflit, ce sont les syndicats étudiants – la CLASSE, la FECQ, la FEUQ et la TaCEQ qui coordonnent les actions des grévistes. Les principaux moyens de pression utilisés sont de nombreuses manifestations ponctuelles, l’érection de piquets de grève autour des établissements d’enseignement, ainsi que les grandes manifestations le 22 de chaque mois, de mars à juin, à Montréal et Québec.

En réaction au mouvement étudiant, l’Assemblée nationale du Québec adopte le projet de loi 78 (devenu la Loi 12) le18 mai dernier. Cette loi empêchait la tenue de piquets de grève dans un rayon de 50 mètres des entrées des établissements et exigeait que les manifestations comptant plus de 50 participants dévoilent leur itinéraire huit heures à l’avance aux forces de l’ordre. Elle fut énoncée par le Barreau du Québec, Amnistie Internationale et le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, ainsi que par de nombreux artistes québécois. Le mouvement ne prend fin qu’avec l’élection de Pauline Marois, qui gèlera les hausses de frais.

Les chercheurs invités s’accordaient pour dire que le conflit s’est radicalisé grâce à la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement Charest. « Le gouvernement a nourri la crise », a déclaré Pascale Dufour, rejointe par Éric Montpetit, tous deux de l’Université de Montréal. En provoquant les manifestants, (« on peut leur trouver un emploi, dans le nord autant que possible », avait-il déclaré au cours d’un salon présentant le controversé Plan Nord), en sortant une « loi matraque », enfin. Surtout, les affaires de corruptions mises au jour aujourd’hui par la Commission Charbonneau ont donné l’impression que les politiciens demandaient aux étudiants de payer pour les millions que leurs turpitudes avaient engloutis.

William Fortin, étudiant en relations internationales à Glendon, a assisté au colloque. Il était au coeur de l’action, l’an dernier alors qu’il était à l’Université Laval. « Au début, j’étais

vert

contre la grève et pour la hausse, puis, j’ai été contre la grève et contre la hausse, et j’ai fini par joindre le mouvement, tout en pensant que la grève n’était pas la solution. » Ce qui l’a fait changer d’avis, c’est « l’attitude de la classe politique avec la jeunesse » et en particulier l’implication de Line Beauchamp dans le scandale des garderies, en 2008, qui a fait perdre des millions au Québec. « Le cynisme est total, la corruption est partout dans les municipalité. Les politiciens nous ont demandé de payer plus, alors qu’eux faisaient des erreurs. »

Photo : Les intervenants du colloque.

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