Jusqu’au 8 mars prochain, la galerie Glendon présente « Minute de vie », une installation de Laurent Vaillancourt composée de petits objets enfermés dans des lentilles transparentes. Avec cette exposition, la galerie Glendon offre le meilleur de la création franco-ontarienne.
Les rondelles transparentes sont délicatement alignées, sur les étagères des murs de la galerie Glendon. À intervalles réguliers, elles présentent en leur sein des figurines et des objets de petites tailles. Figurines charmantes, d’ailleurs. Un petit mouton, un petit éléphant ou encore une cigarette, un morceau de chocolat, quelques boutons de nacre.
Prisonniers de leurs lentilles, ces objets sont offerts à la vue des visiteurs, qui se penchent au plus près. Les lentilles s’avèrent être déformantes, mais comme l’explique l’artiste, « l’objet est trop près pour être déformé, c’est ce qui est derrière qui se déforme ». Et ce qui est derrière l’objet, c’est une ligne d’horizon, formée par le rebord de l’étagère et le mur. Selon les lentilles de verre, cette ligne se déforme au point d’être parfois invisible. « C’est pour cela que je n’ai pas voulu coller ces lentilles au mur », précise-t-il.
La poésie de ces dizaines de lentilles alignées, méticuleusement, saute aux yeux : « Je mets environ 10 minutes pour installer une seule lentille », ajoute Laurent Vaillancourt.
Cet artiste atypique est né à Hearst, dans le nord de la province. Une ville, agglutinée contre la Transcanadienne, qui a la particularité d’être composée presque exclusivement de francophones. C’est là que Laurent Vaillancourt vit, et c’est là qu’il crée.
« Ces petits objets viennent pour la plupart de la maison de mes parents que j’ai vidée récemment, raconte l’artiste. Pour moi, ils ont tous une signification. Ce sont des instants de ma vie, des minutes de mon existence. »
Il s’agit donc d’une exposition très personnelle. Pourtant, nul doute que nous sommes tous touchés, d’une manière ou d’une autre par ce petit éléphant, ce joint, cette cigarette, cette petite cathédrale. Ces petits riens nous parlent, évoquent des souvenirs, des archives mentales. Et ce jeu entre l’universel, le banal et le personnel fait le sel de l’exposition.
Le jeu se situe également sur les mots écrits en caractères les plus neutres possible, derrière la lentille. Selon l’angle de vue, ces mots sont flous ou plus gros. Ils ont un lien avec l’objet mis en valeur. Un lien parfois ténu, parfois évident. Ces mots, parfois anglais, parfois français, parfois les deux, sont souvent des doubles sens. « Lame », devant une lame de rasoir, pourrait également avoir un sens anglophone. « Pour bien comprendre mon exposition, il faut être bilingue », explique simplement Laurent Vaillancourt.
Un appel à la mémoire, à l’optique, au changement de ligne et aux mots. Un appel au jeu, un appel à pudique a l’intime. Un bol d’air frais. Une exposition à voir au 2275, av. Bayview.