Les filles et les jeunes femmes qui se tournent vers les réseaux sociaux pour les aider avec leurs problèmes de poids ou d’image corporelle ont intérêt à faire preuve de prudence, puisqu’aucune étude n’a encore démontré que de telles interventions puissent être efficaces et qu’il peut même s’agir d’une lame à double tranchant, prévient une étude réalisée à l’Université Laval.

La professeure Sophie Desroches, de l’École de nutrition, et la doctorante en nutrition Audrée-Anne Dumas ont constaté que les médias sociaux ont surtout un effet négatif sur l’image corporelle des femmes, même si en théorie ils représentent une plateforme intéressante pour obtenir des informations ou du soutien.

Chez les adolescentes, a expliqué l’université, le fait d’y consacrer plus de deux heures par jour est associé à un risque plus élevé d’insatisfaction par rapport à son poids et à un désir plus grand de perdre du poids.

Une fréquentation assidue des médias sociaux est aussi associée à une plus grande préoccupation par rapport à la minceur. La propension à idéaliser la minceur et à se comparer aux autres exacerbe les effets négatifs des réseaux sociaux.

« Grosso modo, ce qu’on peut voir c’est que l’utilisation des réseaux sociaux serait un petit peu plus délétère, soit neutre ou délétère, en ce qui concerne l’image corporelle chez les femmes », a dit Mme Dumas.

Chez les femmes adultes, les échanges sur l’alimentation et l’activité physique sur les médias sociaux semblent avoir plus d’influence que les échanges faits de vive voix sur les mêmes sujets avec des proches. « L’opinion des pairs de la communauté virtuelle semble avoir beaucoup d’importance », a constaté Sophie Desroches par voie de communiqué.

On peut aussi se demander si les réseaux sociaux sont responsables des problèmes d’image corporelle des adolescentes ou des jeunes femmes, ou bien si celles qui ont d’emblée des problèmes seront plus attirées par les plateformes sociales.

« L’équation ne serait pas aussi simple que j’utilise les réseaux sociaux, j’ai une mauvaise image corporelle, a prévenu Audrée-Anne Dumas. Ce serait plutôt le type d’activité pratiqué sur les réseaux sociaux. Si ce sont des activités comme publier des photos de soi, arranger des photos, c’est très axé sur l’image et ça aurait un effet différent que simplement consulter un fil d’actualité Facebook.

« Il y a aussi différents traits de personnalité qui nous mettraient plus à risques, comme se comparer aux autres ou valoriser la maigreur ». a-t-elle ajouté.

Cela étant dit, il est encore trop tôt pour trancher quant à l’utilité des médias sociaux pour perdre du poids et améliorer son image corporelle. Facebook semble avoir un certain potentiel comme outil d’intervention, a dit Mme Dumas, mais on ne peut vraiment pas conclure que ce serait efficace pour perdre du poids chez les femmes.

Règle générale, donc, la prudence reste de mise,

« Ça peut être une plateforme très valorisante, si je suis dans une démarche de perte de poids (…) ça peut être valorisant, ça peut être rassurant de voir d’autres gens, on est dans le même processus ensemble, ça peut être très motivant, mais ça peut aussi motiver dans le mauvais sens si on a des comportements plus à risque », a prévenu la chercheure.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical Current Obesity Reports.

SOURCE : Jean-Benoit Legault, La Presse canadienne